vendredi 2 septembre 2011

Le cri du silence



LE CRI DU SILENCE
(Copyright 1990)

Ce jour-là,
Il faisait chaud, il faisait froid,
Et le vent de la mer vivante frappait, d’embruns salés,
Le roc de l’égoïste cariatide.
 

Depuis longtemps, déjà,
Le regard vide de la statue
Portait à travers l’eau glauque, par delà les palais
Où les algues géantes abritent les cyclopes.
 

D’une attente aussi longue que les temps,
La pierre vibrait d’un message inaudible.
C’est alors que, venue du fonds des fonds,
A mille miles de tout orgueil,
Une nymphe jaillit de l’onde tumultueuse,
Enlaça la statue de pierre morte et lui donna le baiser de Vie.
 

Il y eut comme une gigantesque étincelle
Qui, de la cariatide, embrasa le sang glacial.
Jusque dans l’Olympe, au-delà de toute pensée,
En dehors du temps et de l’espace,
Dans le « pays sans nom »,
Que tout le monde connaît,
Que tout le monde tait.
 

Il n’y eut plus qu’un seul être de Vie et de Lumière,
Vibrant les sept sons primordiaux.
Alors le temps s’arrêta,
L’espace replia ses spires comme un serpent lové.
 

La cariatide s’éveilla de son sommeil millénaire,
S’ébroua et s’illumina d’une flamme plus haute que les univers.
Son message d’Amour embrasa les temps,
Jusqu’à ce jour d’Hui,
Où il s’inscrivit sur une pierre battue par les vagues espiègles,
Sur une plage dans le « pays sans nom » que tout le monde connaît...
 

C’est ce gemme que j’ai épelé pour Toi,
Dans le Silence de la nuit, pour que la Lumière soit...
Dis-moi, Toi, tu le sais bien.
Je t’Aime à la dimension de l’infini,
Au-delà de la vie, au-delà de la mort,
Toi, étincelle d’Eternité.
    
Je t’ai vue, perle de lumière,
Lorsque, voyageur d’étoiles,
Pêcheur de feu,
Je parcourais le Sentier.
 

Je suis devenu Lui, je suis devenu Elle.
Je te le dis:
Tu ne peux parcourir le chemin de l’ombre avant d’être devenue lumière.
Trouve la note du silence qui te révélera sa portée.
Cette musique sera ta voie.
 
Du muet langage, Tu seras l’oreille et le regard,
De la pierre qui jette sa plainte,
De la fleur qui murmure son parfum,
Du regard ambré de l’animal ému,
De l’étincelle chez les humains,
Enfin du Soi que l’universel porte sur le vent des étoiles.
 

Alors, oui, Tu entendras le souffle des pierres mortes,
Qui vivent leurs sanglots.
Tu ne pourras plus permettre à l’ardent matin
De sécher les larmes de la souffrance
Avant que tu ne les aies, toi-même, taries.
 

Si tu perds les sens,
Alors, grandis-toi.
Oriente-toi vers Lui, oriente-toi vers Elle,
Et Tu deviens Lui, tu deviens Elle.
 

Pour comprendre le silence, tu dois apprendre à voir.
On ne voit bien qu’avec le Soi.
Tu le découvres dans le secret de ton cœur,
Alors tu me découvres.
Je suis Toi...
 
Tu es, toi-même, l’objet et le sujet de ta queste.
Tu es la Voix éternelle du calme, de ta paix,
Exempte de changement, de faute,
Gîtée dans l’écrin des sept lumières du cercle du temps.
 

Sois humble si Tu veux atteindre à la Sagesse.
Sois encore plus obscure si Tu l’atteins...!
Sois comme l’Océan qui reçoit toutes les rivières.
Ne les sens plus.
 

Tu as soif de Sagesse infinie.
Dans ce monde-ci, rampe le serpent de la vanité.
Prends garde à sa morsure.
 Réfugie-toi dans le Silence, le tien.
Écoute sa Voix.
 

Tu es le vase; tu es son contenu.
En dehors de toi, tu es
En dedans de toi, tu es.
Pour t’atteindre, il te faut devenir.
   

Alors Tu deviens le cri du silence.

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