dimanche 11 septembre 2011

La Franc-Maçonnerie de Memphis Misraïm sans bandelettes (3° partie)

II - POUR UNE MAÇONNERIE NOUVELLE.
 
Que dire, en effet, de structures dont l'inadéquation des Hommes qui les assument et organisent, est patente ; de personnages qui exigent des autres plus de vertus qu'ils ne peuvent, eux-mêmes, en apporter la preuve et le vécu ?

Que dire d'un savoir qui a dégénéré en rites et superstition, dont la vocation magique, parfois, pouvait accréditer la thèse que les miroirs fêlés portaient moins malheur que les cerveaux qui l'étaient ?

Que dire de l'idolâtrie de rituélies qui n'infusent plus aucun élan porteur de constructivité positive, vampirisent plutôt que de vivifier, tuent l'intelligence au lieu de l'aiguiser ?

Que dire, sinon que les temples sont morts car ils n'entrent plus à l'intérieur de chacun de nous ! Le décès est alors annoncé pour des structures devenues obsolètes ; l'hiver d'Hiram est arrivé.

Quand les organisations de la pensée se substituent au travail intérieur, exigent de nouveaux dogmes mortifères de l'idée et du sentiment, pour mieux limiter, enchaîner et dominer. Quand elles sclérosent l'imaginaire créatif, diminuent au lieu de grandir. Quand les médiocres gouvernent, les ambitieux se battent pour régenter et les Sages se taisent, bâillonnés. Quoi dire, sinon que l'hiver d'Hiram est arrivé.

Faut-il alors désespérer ? Regardons la nature, si belle dans le silence hivernal et que caressent les noirs aquilons aiguisés par le terrible septentrion. Écoutons son orgue apocalyptique qui porte aux humbles mortels le message inaudible de l'éternelle espérance.

Le vent nous dit que le ciel fermente la terre et l'enfante. Déjà, la croûte terrestre craque et des plantules sont appelées à naître par le marcottage sur le terreau du passé. Le printemps d'une aube nouvelle vit déjà sourdement dans les entrailles du futur. Que notre joie demeure !

I - Être contemporain du futur.

L'humanité traverse un cycle nouveau de saisons. Déjà s'annoncent, partout de par le monde, une société nouvelle, une politique et une planète autres. La Maçonnerie vit aussi les saisons de la terre et des Hommes. Sachons participer à ces temps, sinon notre propre décès serait signé. La nature procède par essais et ne les renouvelle jamais plus. Les échecs, dans l'évolution universelle, ne sont pas réitérés et les êtres qui ne savent pas s'adapter, disparaissent du théâtre de la vie. Soyons présents à ce nouveau printemps d'HIRAM.

Mourir, c'est renaître. Les données de fond du combat de l'humanité, pour sa renaissance, nous interpellent tous. Personne ne peut valablement entamer un concours d'autruche, ou bien de perroquet, qui serait suicidaire car la solidarité est mondiale ou bien elle n'est pas ! Que dit la nature ? Sans partage, pas d'enrichissement.

Les besoins nouveaux des peuples et individus réclament, instamment, des transformations dans l'organisation des sociétés et relations internationales. Personne ne peut plus, valablement, s'isoler frileusement dans un cocon d'égoïsme et d'égocentrisme qui deviendrait vite une « tunique de NESSUS ». Le temps d'une Maçonnerie « lit de PROCUSTE » est terminé.

A-t-on la capacité de poser les vraies questions ?

Elles ne sont pas de savoir qui va prendre la direction, la haute direction sur telle ou telle obédience ! Ni de savoir si le Temple est bien construit ou adéquat ! Ni de savoir si l'on a obtenu la victoire (sur qui ou sur quoi ?).

Ne seraient-elles pas, plus réellement, la capacité, ou bien l'absence de capacité, à se transformer de l'intérieur par le silence..., avant de vouloir changer autrui ? La lucidité exemplaire à l'égard de soi-même ? L'ataraxie ? Le désintéressement et le dépouillement intérieur ? La communication au-delà du niveau verbal ? L'écoute des autres et le service impersonnel ? Vertus non exhaustives de leur extension, individuelle et sociale.

Pensons-y tous ensemble, afin de bien répondre aux enjeux de la période saisonnière, à ne pas être exclus du progrès en mutation. Méditons sur le niveau des réponses à formuler. Semons les graines du futur, celles que la nature engrange pour nous.

Certes, nous ne partons pas de rien. Notre mérite, à tous, est d'avoir auguré l'hiver. Il nous reste à inaugurer le printemps. D'aucuns ont pu répondre aux événements avec violence. Peut-être aurait-il fallu plus de sagesse et moins de bruit ; car le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien ! Peut-être a-t-on trop tôt confondu la jeunesse des idées et du dynamisme avec la compétence. Ce n'est pas l'agitation qui fait le Sage. Or, n'avons-nous pas besoin, plus que de ténors et va-t-en guerre, de Philosophes de l'action et de Sages de l'Être ? A chacun son temps car nul n'est prêt qu'à son heure.
 
Comment travaille-t-on en Loge ?

a) Les Apprentis doivent se taire pendant les tenues. Pourquoi ? Parce que l’on apprend plus en écoutant. Et puis, on peut mieux observer ceux qui parlent et découvrir si ce sont de vrais Maçons, ou non, dans la mesure où ils répondent aux exigences proposées aux autres. Il y a plusieurs sortes de Maçons ; autant que d’Humains ! Et quand j’entends quelque Grand Maître pérorer : je suis 90° ou 95°, je le regarde et je l’écoute. Est-il détaché de son grade ou bien est-il la girafe de la fable qui toise, du haut de sa grandeur, les autres ? Ou bien est-il un renard qui, perfidement et au lieu de chercher à comprendre, prendra le contre pied systématique des propos tenus par l’orateur ? Ou bien encore est-il un blaireau dormeur qui, au bout de 20 minutes, sombre dans une léthargie ronflante ? Car, le fait d’être vieux et ancien, de détenir les hauts grades est un fardeau lourd à porter ; tout cela exige la manifestation de quelques vertus élémentaires qui, si elles sont absentes, traduisent la présence d’un âne revêtu de médailles. On juge l’arbre à ses fruits et non pas à son bruit sous le vent.

b) Les Compagnons ont le droit de poser des questions, selon des règles éprouvées par l’usage.

c) Les Maîtres sont autorisés à parler.

Ce code de comportement n’est pas gratuit ; il a fait ses preuves positives de par ses prolongements psychologiques. L’orgueil est le pire des défauts car il nous coupe des autres. Un Franc-Maçon doit, se doit à lui-même, être authentique en allant vers l’Essentiel de l’Existence, en refusant tout ce qui le complique au lieu de l’authentifier. Devenir totalement adulte, c’est à dire responsable, ainsi que le concevait le grand Antoine De SAINT EXUPERY qui enseignait : « Vivre ? C’est être responsable ».

Un gamin âgé de 17 ans et 364 jours ne sera reconnu majeur que le lendemain. Or, qui nous dit qu’il le sera réellement, par un coup de baguette magique du calendrier ? Ou bien encore, qui nous dit qu’il ne l’était pas auparavant ? L’expérience et le sens des responsabilités ne se volent point et c’est elles qui font le majeur, l’adulte ; le Franc-Maçon à fortiori.

Nous ne pouvons pas revenir à tout ce qui, dans le passé, a pu parfois défigurer l'idéal maçonnique, ni renoncer à une perspective de transformation ; en d'autres termes, ni dogmatiques, ni despotes, ni intolérants. C'est, pour les Maçons, le triple refus qui a la force de l'évidence, même s'il faut toujours rester attentif aux pressions occultes qui s'exercent pour aller dans un sens ou dans l'autre ; que certains, missionnés par un ciel éclaté par le tonnerre du délire théo-politico maniaque, voudraient imposer comme vérité révélée.

C'est poser le problème de la nécessaire catharsis de chacun, pour chacun, afin d'éviter les dérapages et hégémonies, le népotisme, les complots de couloir et prises de pouvoir qui renouvelleraient les 7 plaies d'Égypte et prolongeraient un hiver de la pensée.

L'enjeu concret n'est pas ailleurs. Il est ici et maintenant. La situation mondiale, avec sa difficulté et sa complexité, doit-elle nous conduire à un comportement défensif de repli égoïste sur soi ? Ou bien devons-nous approfondir l'idéologie maçonnique par une réflexion critique sur le passé et qui nourrira le rayonnement d'une maçonnerie nouvelle, présente aux nécessités de notre temps, ouverte et ouvrante. Avons-nous le courage de l'innovation, par l'élaboration de propositions pour demain ? Sommes-nous capables d'initiative et d'invention à tous les niveaux ?

La stagnation de la pensée est mortifère ; elle est toujours concomitante de décomposition pour les concepts du passé et annonce la fermentation d'idées et forces nouvelles. Tout arrêt de la pensée génère l'hérésie et c'est ce constat que nous devons avoir présent à l'esprit. Car s'arrêter, c'est reculer. Or la vie est une marche perpétuelle.

Période de transition, l'hiver annonce des temps plus féconds ; le printemps les inaugure. Aussi sachons écouter l'autre, sans imposer nos propres croyances et dogmes, pseudo certitudes et ignorance crasse. Sans étiquetage, ni amalgame, les Francs-Maçons ont besoin de dialoguer, débattre les idées, en dehors des choix imposés par une direction népotique.

Évidemment, aucun Franc-Maçon n'a le privilège des réponses à tous les problèmes. Personne n'a réponse à tout. L'essentiel consiste à poser les vraies questions, y réfléchir ensemble et ne pas considérer les réponses comme définitives mais, au contraire, révisables dans le temps.

II - Une Maçonnerie en prise directe avec le monde en mutation.

Partout, les événements se succèdent de par le monde. Certains ont peur des changements ; d'autres les inaugurent ou bien les stimulent. Pourtant, tout change et cette réalité est vérité.

A l'âge du nucléaire et, demain, du voyage dans le temps et l'espace, est-il recevable d'arrêter la mutation inhérente au progrès ? La Maçonnerie peut-elle être encore nostalgique d'un passé révolu, de civilisations momifiées comme l'Égypte ancienne et ses tombeaux ? Serait-elle incapable d'être autre chose que nécrophile ?

Figer les idées par des rituels fossilisants et pétrifiants, revient à entreprendre le travail de fossoyeur de la pensée. Or, la Maçonnerie a toujours manifesté les plus hauts idéaux de l'humanisme, l'ouverture la plus large sur les réalités humaines, au moins sur le plan doctrinal. Faut-il codifier ces vertus en les rendant obligatoires dans les Constitutions ? La liste ne saurait être exhaustive, évidement, ni limitative.

Y a-t-il un hiatus pathologique entre l'idée et la capacité à la réaliser, dès lors que la bonne volonté se substitue à la compétence ; le verbe aussi ? Pourtant, tout problème possède sa solution.

L'heure est pour un gouvernement mondial, une fondation planétaire qui unira toutes les technologies et volontés à la conquête des galaxies. Les ressources immenses que détiennent certains pays, dans les domaines minier, industriel, alimentaire et pécuniaire, ne doivent plus emprisonner les 3/4 de l'humanité dans la misère, alors que le reste étouffe sous l'amoncellement orgiaque d'avoirs pléthoriques. La Maçonnerie ne peut rester en dehors de ce constat, en l'ignorant. Sa vocation l'oblige à la solidarité universelle par le partage qui enrichit.

Les Maçons ne sont pas étrangers à la Maçonnerie. Autrement dit, c'est eux qui font l'organisation, l'animent et la définissent. Aucune société évolue en marge des individus qui la composent. Nous devons développer notre capacité à réfléchir, en tirant les leçons de l'histoire, de toutes les expériences, à veiller au chant du monde en exerçant notre écoute et l'indépendance de la réflexion.

Construisons sans céder aux polémiques ruineuses. Ne nous laissons pas fasciner par les sirènes d'un certain passé et les prophètes d'un avenir qui l'est moins. Le futur nous appartient à tous, et non pas à quelque pythonisse délirante, ni à une élite (laquelle d'ailleurs ?)

Nous avons les moyens intellectuels, affectifs, imaginaires, psychiques et matériels de créer. Par la solidarité universelle et concrète, nous pouvons inaugurer un humanisme porteur.

Que tous ceux qui ont à cœur cette entreprise et rejoignent notre analyse sur les exigences et besoins à venir, sachent que le printemps de l'espoir est là.

Car le monde n'est plus celui d'hier ! L'humanité a une dimension planétaire. Une conception égocentrique du monde serait à l'envers du progrès et, par conséquent, vouée à la véhémence rénovatrice du temps.

Cependant l'avenir n'est pas écrit d'avance. Les forces adverses n'ont pas abdiqué. Toutefois la volonté maçonnique de tolérance, amour, justice, épanouissement, identité, libre disposition et progrès, d'aide mutuelle des peuples, est assez forte pour accroître la prise de conscience collective. Faisons fructifier les potentialités nouvelles.

Les aspirations universelles, neuves, produisent des valeurs nouvelles. Elles trouvent leur fondement et leur exigence dans l'interdépendance croissante des problèmes humains. Les solutions doivent être globales et non plus parcellaires, structurelles et non plus conjoncturelles. De plus en plus le monde est perçu comme un Ensemble dont l'avenir interpelle tout un chacun. L'humain a trouvé sa dimension planétaire. Que dit la Maçonnerie ?

Quand des valeurs, comme l'argent, ont permis à l'humanité de sacrifier, sur l'autel de la réussite matérielle et au profit d'une minorité de possédants, le reste du monde, on est en droit de se demander si la Maçonnerie n'a point été laxiste dans son isolement idéologique. Le gémissement du monde, en avons-nous été témoin ?

Notre monde est dominé par la croissance vertigineuse de la technologie dont le divorce avec la Sagesse est flagrant. Ce constat mérite autre chose qu'une attention distraite.

Peut-il y avoir, aujourd'hui, une optique maçonnique de la société et du monde qui ne tienne pas compte de la réalité objective des événements et n'intègre pas cette dimension nouvelle, inaugurée par notre temps ? Le refus de toute innovation est-il justifié dès lors que la science possède les moyens de servir la conscience des Hommes, à la mesure de son éveil ?

N'est-il pas requis d'unir les voies d'épanouissement de l'humanité en marche, aux besoins les plus fondamentaux de chacun qui, pour être cachés parfois, n'en sont pas moins évidents ?

Certes, il s'agit de quelques éléments de réflexion mais ils font référence aux possibilités de chacun de nous à la pensée objective et la mesure qui, après avoir été trop longtemps étouffées et meurtries, s'avèrent néanmoins.

Profitons de l'étape transitoire qui nous est donnée de vivre pour entamer un vaste travail de recherche et confrontation. Donnons un souffle nouveau à la discussion et au débat d'idées.

Il nous faut condamner le terrorisme des idées, dès lors qu'elles enchaînent par la dictature spirituelle de quelques despotes, qu'elles cimentent alors qu'il s'agit de fermenter, qu'elles freinent alors qu'il est immédiat d'accoucher selon le principe socratique de la maïeutique. Quand la condamnation des idées nouvelles se justifie arbitrairement sous le prétexte de déstabilisation, ne s'agit-il point, plus exactement, de l'évacuation de quelques compétences gênantes et susceptibles de porter ombrage à l'ambition cachée de certains ; d'ébranler quelques trônes monarchiques ?

Faut-il que tout progrès doive toujours rencontrer une résistance égale à sa propre dynamique ? Jusque dans la Maçonnerie !

Pouvons-nous être valablement porteurs de l'espoir par la satisfaction des besoins spirituels, nouveaux, de l'humanité ? Ne vivons-nous point une période historique, transitoire ?

La lucidité est synonyme d'honnêteté intellectuelle et morale. Elle inspire le respect et ne l'impose pas, gratuitement. A tous les Maçons qui ambitionnent, non pas les grades et fonctions mais, au contraire, d'être simplement présents au monde, le courage et la fidélité commandent de réaliser qu'un tel rôle requiert l'apport à la Maçonnerie de nouvelles dimensions imposées pas les changements de société, à l'échelle mondiale. Encore faut-il ne plus être affecté par les maladies mortelles qui s'appellent : cordonnite, inflammation de l'Ego, hypertrophie du moi !

Aux déchirements de l'affrontement entre les Maçons, il faut répondre par de vraies solutions aux problèmes qui les ont engendrés. Le replâtrage est inefficace si l'on ne transforme pas de l'intérieur des structures devenues obsolètes. Pourquoi perpétuer le cloisonnement alors que les frontières éclatent, les cultures s'enrichissent au partage et l'humanité cherche de nouveaux modes de relation ?

Le conflit doit dépasser le moment historique de sa nécessité, en ne perdurant pas ; autrement il deviendrait synonyme de destruction totale. L'interdépendance n'est pas contraire à la volonté d'identité.

La Maçonnerie, à travers ses structures, sa vie interne, est un sujet de débat le plus difficile. Être maçon n'est pas un engagement ordinaire et banal. Cet état s'appelle désintéressement, courage, invention, adaptation, générosité, ataraxie, catharsis, tolérance, et humanisme. Vertus rares, voire rarissimes. Alors, où sont les Maçons ?

Des générations de Maçons ont passé. Les jeunes regardent leurs aînés dont ils attendent l'exemple des vertus prônées ; ils s'interrogent, avec la spontanéité de la jeunesse. Parfois, menés par des gens plus motivés par le sentiment et le ressentiment, ils ne trouvent pas la preuve de la réflexion et la mesure, chez eux ou les autres, et dont la vertu de l'image les eut portés. Quelle responsabilité que la nôtre, à tous, devant la désillusion que de tels comportements apportent.

La Maçonnerie peut s'enrichir par les conclusions concrètes des analyses de chaque maçon, au cœur de la société mondiale, en mutation scientifique, technologique et culturelle. Elle est comme une maïeutique socratique. Sa nature spéculative est traduite par l'idée d'une architecture intérieure à réaliser pour chaque maçon et son substrat doctrinal la résume. Elle est le creuset, la forge où s'élabore le temple intérieur car, ainsi que l'affirmait le grand hermétiste Robert FLUDD :

« Quand le temple sera consacré, ses pierres mortes redeviendront vivantes, le métal impur sera transformé en or fin, et l'Homme recouvrera son état primitif ».

Encore faut-il devenir conscient de cette promesse.

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