jeudi 24 novembre 2011

Les plantes dans le chamanisme (3° partie)



SOLANÉES (CONSOLANTES)

BELLADONE

Elle constituait la base d'onguents réputés au XVI° siècle pour provoquer, par application cutanée, des désordres d'ordre sensoriel et intellectuel. Selon le degré de concentration du produit actif, le sujet était plus ou moins plongé dans le délire et la stupeur. A un degré moindre, le suc frais extrait des baies, racines et tiges, frotté sur l'épiderme, donne des rêves extatiques et des visions fantastiques.

Elle tient la première place des solanées. Administrée en infusion dans du lait, elle lance le sujet dans un vertige qui l'oblige à tournoyer sur place. La volonté et les pensées sont asservies. Frotté sur l'estomac ou les tempes, le suc retiré des feuilles plonge la personne dans un sommeil léthargique. Selon les doses, le suc provoque des rêves aériens ou des cauchemars.

Le principe vénéneux est l'atropine.

JUSQUIAME

On se sert surtout des racines, graines et feuilles qui sont administrées en breuvage ou onction et fumigations. Son action est plus faible que celle de la belladone. A petites doses, elle procure de douces illusions et, à fortes doses, des rêves démoniaques.

Elle entrait dans la composition d'un parfum à brûler comportant du coriandre, des feuilles de ciguë, de férule, d'if, de barbasse, du santal rouge, du pavot noir et des racines de canne. Toutes ces substances, consumées dans une cassolette, donnaient assurément d'étranges visions.

Comme antidote, on avait coutume d'employer des fumigations de soufre et de bois d'aloès.

Il existe plusieurs sortes de Jusquiame: la blanche du sud de l'Europe, la noire de nos contrées et la pygmée de Perse ou d'Egypte qui sont très riches en principes actifs.

Comme antidote, le miel accompagné de lait et d'une décoction de figues sèches était employé.

Son principe vénéneux est un alcaloïde, l'hyosciamine.

MANDRAGORE

Elle constituait la base de philtres provoquant des songes dorés. Elle pousse particulièrement dans des cavernes et anfractuosités de terrain, en Grèce, Italie, Corse et le midi de la France. Elle produit des effets semblables à ceux de la Jusquiame et de la Belladone mais de moindre intensité. On utilise surtout les feuilles et les racines. Cette plante a fait l'objet de très nombreuses études à cause de sa réputation divinatoire.

DATURA STRAMONIUM

Plus connue sous le nom de "Stramoine" ou "Herbe du diable", elle était réputée chez les gitans pour soulager de l'asthme. Les feuilles et les graines, employées en infusion, provoquent différemment, en fonction du dosage, des visions surprenantes ou une stupeur de vingt-quatre heures, que rien ne dissipe. Les sorciers du moyen âge l'utilisaient pour enlever la mémoire des faits accomplis sur leurs sujets. Plongés dans un état de stupeur, les patients pouvaient commettre les actions les plus réprouvées, tout en perdant le souvenir.

La vengeance de Circé est connue; elle se servit d'une variété d'"Hyosciamus Datura" nommée aussi "Fève de porc" dont la racine rendait, ceux qui la mangeaient, abjects comme des porcs. Une autre explication provient de l'interdiction de manger des fèves, édictée par le célèbre PYTHAGORE (auteur du théorème attribué à son nom), à ses élèves en son Ecole des Mystères. Cette graine aurait la propriété d'annuler les effets divinatoires causés par des plantes spécifiques. Ainsi est-il plausible de penser que les disciples du grand PYTHAGORE se "droguaient", selon la terminologie actuelle... Diable, diable; les mathématiques, alors, auraient donc flirté avec les plantes !

Outre le Datura Stramonium de France, il existe le Datura Spinosum Vulgatum et le Datura Arboréa du Chili, qui sont surtout employés contre les tumeurs des jambes et en traitement de la lèpre. Il y a aussi le Datura Cérotacula de Cuba, le Datura Fastuosa d'Egypte, le Datura Ferox de Chine, le Datura Sanguine du Pérou, le Datura Tatula de l'Amérique méridionale. Leurs propriétés varient en intensité sous la chaleur des climats et selon les terrains.

Le Datura Arboréa est connu, sous l'équateur, sous le nom d'Huanta; sa décoction sert de boisson d'épreuve chez les féticheurs qui affirment obtenir une prescience de l'avenir, à l'issue des vingt quatre heures de stupeur.

EUPHORBIACÉES

EUPHORBE

Son suc était réputé pour empoisonner les poissons dans les ruisseaux. Appliquée sur la peau, elle cause une éruption cutanée.

RHUS

Elle possède les mêmes propriétés que la précédente.

TÉRÉBINTHACÉE

TOXICODENDRON

Elle possède les mêmes propriétés que la précédente.

RENONCULACÉE

ACONIT

Le suc retiré de ses feuilles était réputé dans la confection d'onguents qui provoquaient des troubles visuels, des vertiges et des altérations du goût et du toucher. Mêlée aux aliments, elle simulait la mort par l'insensibilité provoquée.

ELLÉBORE

La racine servait de base à la fabrication d'onguents provoquant des vertiges accompagnés de refroidissement excessif et de prostration. C'est un calmant énergique.

COLCHICACÉE

COLCHIQUE

Ses baies sont utilisées sous la forme d'infusion ou de boisson. Elle provoque des terreurs diverses sous la forme hallucinatoire.

CHAMPIGNONS

NAUACATL OU TEONANACATL

Plus communément connu sous les noms de "Chair de Dieu" ou "Chair du diable" (cela dépend du côté idéologique où l'on se place...!) par les mexicains, il est réputé pour provoquer une stimulation du cerveau, particulière, et des visions de couleur verte. Son nom scientifique est "Stropharia Cubensis" ou "Psilocybe". Son principe actif est vénéneux; c'est un alcaloïde, la Psilocybine.

ERGOT DE SEIGLE

Il pousse sur les farines de céréales ou les céréales elles-mêmes qui vieillissent dans de mauvaises conditions, à l'humidité. On se rappelle l'intoxication massive de la population de Pont Saint Esprit, consécutive à l'emploi de farine contenant de l'ergot de seigle, par un boulanger de ce village.

Ce champignon a l'allure d'un ergot de coq, de couleur ocre, et il se reproduit à grande vitesse dés qu'il rencontre des conditions d'humidité et d'ombre, propices.

Le principe actif est l'acide lysergique, un alcaloïde; il est plus connu sous le nom de LSD 25. Ce produit est 7000 fois plus puissant que la mescaline; il produit des visions colorées accompagnées de distorsions d'images.

MUCHAMORE

Aussi appelé "Bolet des Kamtchadales", il appartient à l'espèce des Amanites. Il est utilisé en mets ou infusion et provoque, selon les doses, le délire profond, la tristesse accompagnée d'épouvante ou un état prophétique. Les Chamans de Sibérie l'utilisent cru.

Son principe actif est vénéneux; c'est la Musarine qui excite, aussi, la mémoire.

HONDA

Poussant surtout en Nouvelle Guinée, il procure des hallucinations et un délire prophétique.

LIANES

YAGÉ

Cette plante est une liane tropicale d'Amérique qui s'administre en décoction concentrée. Ses propriétés seraient particulièrement troublantes, d'après Alexandre ROUHIER (confer: "Plantes divinatoires", bibliothèque nationale, Paris 1927, in 8°, 8° s. Pièce 14174) qui relate l'art des peuplades amazoniennes, à s'en servir. Ecoutons-le:

"Ils (les Indiens du Mexique) font bouillir un kilogramme de Yagé dans quelques litres d'eau, nuitamment. Dès qu'il n'en reste plus qu'un verre de liquide, le sujet la boit, avale une gorgée d'alcool de canne à sucre et sombre dans une légère somnolence. On l'emmène aux endroits où l'on pense trouver un trésor et le sujet voit à travers murs, roche et terre. Ses compagnons creusent sur ses indications et presque toujours ils trouvent une fortune aux endroits indiqués. »

(Fin de citation)

AYAHUASCA

Connue en Amazonie sous le nom de "Banistéria Caapi", les Indiens la transforment en jus qu'ils boivent, accompagné de Yagé. Elle procure des songes prémonitoires.

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