vendredi 30 décembre 2011

Théorie et pratique de la méditation (2° partie)

"C'est dans la négligence des petits détails que l'on apprend à faire de grandes fautes".

Madame de STAËL

III - DISPOSITION INTÉRIEURE

C'est un lieu commun de constater que toutes les personnes attirées par les divers yogas sont animées par le désir d'un mieux-être. Croyant en la facilité, piège de la mentalité occidentale, les émules des Maîtres de Sagesse, indiens, s'empressent de mettre en pratique diverses techniques yoguiques en espérant des résultats rapides, voire miraculeux. L'ego peut tout croire, n'est-ce pas?... D'autres encore n'en appréhendent qu'un aspect exotique, ou bien gymnique, voire ludique. Toujours l'ego...!

En réalité, le yoga est étranger à la culture occidentale comme la Pentecôte l'est de Marseille. Définir cette voie d'origine orientale et asiatique, avec nos yeux carrés comme la télévision, ou bien notre mental programmé comme un ordinateur, reviendrait à reproduire la fable des aveugles tâtant un pachyderme. Pour savoir en quoi consiste le yoga il faut redevenir le tout petit enfant qui s'ouvre à la vie et regarde..., avec des yeux neufs, bien ronds.

Autrefois, les vieux Maîtres de Sagesse recevaient la visite de candidats disciples qu'ils rejetaient sauf si l'un d'entre eux leur apparaissait prêt. Parfois, le prétendant portait sur la tête un boisseau de sarments de vigne, signifiant ainsi qu'il avait rejeté toutes les illusions de l'ego et son monde passionnel, qu'il était prêt à prendre "feu". Ce n'était pas du jeu...!

Une étincelle, sur une bûche mouillée, s'éteint. Il n'y a rien à faire. De même il est impossible de conférer Shaktipata aux animaux... Tout le monde ne peut pas recevoir Shaktipata puisque le sort de chacun est différent. Mais, aussi, il est possible que chaque individu se prépare, sèche sa propre bûche, par un travail intérieur de purification (kryia).

La clef de la disposition intérieure est dans l'observation de ce que les bouddhistes nomment le dharma, qui est la somme de règles de conduite dans la vie et s'avère propice à l'épanouissement des facultés endormies. Dans les grandes lignes, et de façon non exhaustive, il convient d'appliquer:

a) L'absence de mensonge (véracité dans les paroles et les actes).
b) Le travail (gagner sa vie honnêtement et fuir l'oisiveté).
c) La compassion (l'amour pour tous les êtres).
d) La justice (pensée juste, sentiment juste, action juste, etc...).

A ces conditions il faut ajouter l'élémentaire catharsis sans laquelle aucune disposition intérieure n'est suffisante pour entrer dans le brasier de Shaktipata. Mais l'enjeu vaut la chandelle.


"Moins on a de pouvoir, plus on aime à en user".

PETIT-SENN

CONCLUSION

La réalisation intérieure par le yoga est assimilable à la combustion du bois qui devient charbon. Elle est le dialogue rendu impossible entre le charbon devenu et le bois disparu.

Celui qui sait, se tait et seuls ses actes parlent.

Le yoga est moins à comprendre qu'à vivre. Il n'est pas accessible au mental ordinaire car seul celui qui, universel devenu, pourrait parler mais n'est jamais revenu.

La voix du silence enseigne la voie.


"Initiations à la lumière d'Orient" par Edmond FIESCHI, publié aux Editions A.C.V. à Lyon (Rhône) - France.

"Gnose et Gnosticisme" (Etude sur la Gnose interdite) par Edmond FIESCHI publié aux Editions A.C.V. à Lyon (Rhône) - France. (Toute autre publication émanant d'un autre éditeur serait une escroquerie et un vol, justiciables d'une plainte en Justice correctionnelle ; nous remercions, par anticipation, toute personne témoin d'un tel méfait et qui nous le rapporterait).

Théorie et pratique de la méditation (1° partie)



THÉORIE ET PRATIQUE DE LA MÉDITATION
 
"Il y en a, parmi vous, qui prétendent mieux aimer servir que penser à la vérité. Mais qu'entendent-ils par servir? Ils parlent toujours d'aider le monde, surtout ceux qui appartiennent à des sectes.

Le soldat, tout prêt à mutiler et à massacrer son prochain, dit qu'il sert son pays. Le boucher qui tue, le financier qui accumule des stocks de vivres tandis que des hommes ont faim, le prêtre qui exploite des croyances, tous disent qu'ils servent la communauté. Qui peut en décider? Une fleur, parce qu'elle est belle, suprêmement belle, inconsciente de sa propre splendeur, aide véritablement, mais l'homme qui va crier à tous les échos qu'il sert le monde n'aide en rien du tout".

KRISHNAMURTI

Conférence en Nouvelle Zélande
Cité dans le Vishva-Bharati Quaterly
(août octobre 1937, page 134)

Tout jeu a ses règles et la triche est réprouvée. Certes, chacun est libre d'accepter ou non le jeu mais, une fois le choix effectué, il est difficile de déroger. Il n'est pas admissible d'acheter du beurre et d'en réclamer ensuite l'argent.

Dans le cadre de la méditation il existe aussi des règles qu'il convient d'observer sous peine d'échec en la matière. De même que dans une compétition de rugby, l'équipe perdante ne peut accuser les spectateurs de sa défaite, un praticien du yoga n'est habilité à l'imputation de ses difficultés sur son Maître, si celui-ci lui a préalablement révélé l'existence d'épreuves découlant de l'ascèse. Se remettre en cause soi-même est une des règles fondamentales du jeu...

S'agit-il d'un jeu ?


Le suffrage universel, qui considère les hommes comme autant d'unités égales et qui les compte au lieu de les peser, assure la majorité de l'ignorance".

SISMONDI

I - THÉORIE MÉDITATIVE

Il existe des lois naturelles qui étayent toute sadhana et n'ont rien de dogmatique, c'est à dire de gratuit, ni de moral ou pédant. Il s'agit de conditions favorables à remplir afin que la nature puisse librement réaliser ce qui lui est possible, après éradication des obstacles intérieurs.

De manière non exhaustive ni limitative, les obstacles à la libre réalisation d'une sadhana peuvent s'énumérer de la manière suivante:

a) Blocages intellectuels.

Conditionnements d'origine culturelle, éducative (religion, opinion, etc...).

b) Blocages psychologiques.

Problèmes affectifs, relationnels, sexuels, etc...

c) Blocages physiques.

Incapacité corporelle et somatique.

En règle générale, les anciens Rishis de l'Inde refusaient shaktipata aux personnes dont les caractéristiques étaient les suivantes:

Ceux qui ont déjà reçu shaktipata.
Les imbéciles et les curieux.
Les impotents.
Ceux qui souffrent d'une inflammation de l'ego, d'une surestimation de leur valeur personnelle et de l'hypertrophie du moi.
Les menteurs, paresseux, coléreux, intrigants, voleurs, fous.
Les petits esprits.
Les traîtres, affabulateurs et pornographes.
Les gens qui aiment monopoliser l'attention sur eux par des discours et attitudes mégalomaniaques, et donnent leur avis sans qu'ils en soient invités.
Les velléitaires.
Les candidats disciples commettant de mauvaises actions.
Les ambitieux, prédateurs.
Les provocateurs.
Les sensuels attachés au sexe et à la fortune.
Ceux qui ne savent pas taire les secrets et qui nuisent à autrui.
Les ingrats.
Les tricheurs, révoltés.
Les cruels.
Les indécents sur le plan verbal.
Les bavards.
Les gens qui portent systématiquement de mauvais jugements sur autrui.
Les personnes qui se complaisent dans l'ignorance et les certitudes.
Les gens qui salissent, médisent par derrière tout en tenant de bons propos par devant, flattent pour exploiter.
Ceux qui prétendent connaître l'absolu.
Les vantards, envieux et nuisants.

Il nous est impossible de porter des commentaires sur ces règles anciennes. Cependant nous avons pu constater, à plusieurs reprises, que la compassion pouvait devenir faiblesse si elle était mal placée. Souvent, il y a perte de temps et des désagréments provoqués par l'ingratitude, l'irrespect et la méchanceté.

Gageons que si toutes ces restrictions étaient appliquées, il n'y aurait pas beaucoup de monde sur la ligne de départ, de nos jours. Il est vrai, aussi, que Shaktipata n'est plus transmis par le toucher, en occident, mis à part quelques exceptions qui confirment la règle. Shaktipata n'est plus guère conféré que par les mantras, ce qui limite les dégâts.

Tout blocage intérieur peut être franchi par l'autocritique et l'introspection analytique. La descente aux enfers intimes est toujours possible et la libération du captif (le SOI) est permise, sinon espérée. Les pseudo convictions sont comme des virus pour la raison. Il n'y a pas une morale, mais des morales...

La sadhana réclame une discipline librement consentie qui se résume en quelques éléments succincts :

1) Hygiène alimentaire.

Végétarisme sans alcool, ni tabac ou drogues diverses.

2) Hygiène physique.

Rétention de la libido, respect du corps, vie harmonieuse privilégiant l'essentiel.

3) Hygiène mentale.

Fréquentation de personnes spiritualisées et reflétant l'équilibre, la paix et l'honnêteté, rejet des angoisses, introspection périodique, ataraxie.

C'est sur ces bases et la stricte observance de l'ascèse que s'édifie toute sadhana authentique. Le contraire signerait l'inadéquation entre l'idée et la capacité à la réaliser. En toute raison, il est convenable de tirer la logique de l'échec en se retirant du jeu. Les exigences de la rationalité sont incompatibles avec la foi et ses corollaires.


"Le droit de la majorité n'est autre chose que le droit du plus fort. Mais il serait plus injuste encore que l'autorité du plus faible l'emportât".

SISMONDI

II - PRATIQUE MÉDITATIVE

La méditation inhérente au yoga supérieur est différente du hatha-yoga. A ce propos, SRI WAMANRAO GULAVANI MAHARADJ avait été très explicite dans son traité savant sur "Shaktipata". Après avoir reçu la transmission de l'énergie spirituelle, tous les autres yogas deviennent inutiles. Il devient impossible de suivre d'autres techniques yoguiques car l'énergie kundalinienne impose ses "règles" au corps humain, selon la nature.

Avant de recevoir "Shaktipata", il convient de savoir que les autres yogas ont leur utilité propre mais qu'ils seront abandonnés. En effet, un étudiant en université ne peut valablement pas rester à l'école secondaire. Autrement il y aurait une pathologie quelque part...

Le hatha-yoga est une voie qui concerne une certaine catégorie de personnes particulières, ne pouvant pas accéder au yoga de la méditation ou bien n'en connaissant pas l'existence. Il existe une qualité des individus qui sont différents les uns des autres, selon des dispositions spécifiques à chacun, et qu'il convient de respecter. Tout le monde ne peut pas devenir roi et chaque place revient à chacun, sur cette terre. Autrement dit, rien ne sert de briguer une ascèse supérieure s'il s'avère que l'on n'est pas prêt à la suivre et cette attitude n'a rien de dévalorisant, bien au contraire...

L'esprit de compétition et de rivalité est une aberration dans le cadre du yoga en général car il flatte l'ego au lieu de le sublimer. Il n'y a aucune supériorité, au sens usuel du terme, dans la recherche ascétique et les expériences spirituelles ne procurent aucune suprématie. L'effet du yoga est dans la non identification progressive avec l'ego. Il s'agit de devenir moins et d'être plus. Il faut que « je » diminue afin qu’ « il » croisse, énonce un axiome. La véritable Initiation n'est un pas acquis, d'ordre intellectuel ou énergétique ; elle est le dépouillement de l'Ego et l'orgueil.

En occident, ces préceptes élémentaires ne sont pas toujours observés par certains yogis dont les préoccupations commerciales priment sur l'authenticité de la science millénaire du yoga. A en croire quelques uns, les Occidentaux sauraient plus que les hindous en la matière. Ce genre d'assertion péremptoire n'engage que les personnes qui les émettent et... leur compte bancaire. Il ne suffit pas d'affirmer quelque chose pour créer l'événement. Encore faut-il prouver...

Face à l'Inde, compétente depuis des milliers d'années en yoga, ce n'est pas l'Occident orgueilleux et vaniteux qui pourrait valablement produire des contre vérités, graves en leurs conséquences pour les néophytes. Les textes indiens sont là, heureusement, pour maintenir les enseignements dans l'écrin d'honnêteté qui leur revient.

En ce contexte, le Siddha Yoga, pur reflet du Civaïsme au Cachemire, est le yoga supérieur de la méditation. Il s'articule sur les volets que voici :

1) Shaktipata.

Il s'agit d'un processus secret qui consiste à injecter l'énergie spirituelle (shakti) dans le corps d'un disciple, en ouvrant le canal médullaire central (sushumna) qui relie le coccyx au sommet du crâne. Plusieurs méthodes sont utilisées :

a) Par un mantra.

C'est une formule sans aucune signification particulière mais dont la sémantique obéit à des règles secrètes. Les effets sonores se font sentir au niveau de la colonne vertébrale et du cerveau, pour finir dans le système nerveux (sympathique et parasympathique).

b) Par la pensée.

L'intention mentale, liée à l'énergie kundalinienne, active l'éveil de l'énergie dans le corps du néophyte.

c) Par le toucher.

Avec la main, l'Initiateur touche par trois fois, en remontant, la corde spinale. Ainsi, il "sèche" les deux courants binaires et active le canal central, médullaire, tout en tirant l'énergie kundalinienne du récipiendaire vers le cerveau. Certains Sad-Gurus se contentent de toucher la zone dite du "3° oeil", pour limiter la "chose" en fonction de la disposition intérieure du néophyte.

2) Charge cosmique.

En concomitance, l'Initiateur transmet le mantra SO HAM et son mode de fonctionnement. Cette formule autorise la captation de l'énergie stellaire et n'est réellement opérante qu'après Shaktipata.

A lui seul, ce mantra réalise en peu de temps tout ce que le raja yoga promet en 20 ans de pratique assidue. A chaque reprise, il permet la combustion du bon et du mauvais karma, à la fois, par la remontée des samsaras.

Son efficacité dépend de la durée dans la pratique quotidienne qui ne doit pas être inférieure à 30 minutes. La concentration s'opère sur SO à l'inspiration et HAM à l'expiration, tout en fixant le regard mental sur le 3° oeil (Ajna) en une première étape, sur Anahat en une seconde et sur Muladhar en une troisième et dernière.

Ajna est le siège de l'orgueil et de l'intellect, quand il est fermé à Kundalini. Anahat, de même, est le lieu de la haine et de la passion, toutes deux négatives et destructrices. Muladhar (avec les autres cakras des jambes) est l'endroit de l'instinct et de la mémoire karmique. La circulation de la conscience dans ces cakras entraîne un processus de purification, drastique.

3) Les mantras.

Il existe plusieurs catégories de mantras dont la caractéristique est dans le symbolisme du travail à réaliser pour le disciple. La formule mantrique NAMAH CIVAYAH, reposant sur le vocable "Civah" (destructeur) signifie la disparition de l'ego; tout un programme.

Un autre mantra comme S. K. N. signifie l'incorporation de l'énergie de Krishna dans le corps du méditant (confer: Bagavatgeeta). A ce sujet, écoutons le récit de l'expérience vécue par Z...... qui souhaite garder l'anonymat:

"Le mantra, modifié pour la circonstance, fut chanté en compagnie de deux personnes. En quelques secondes, l'écran du mental fut occupé par une lueur bleue, aveuglante. Au bout de quelques minutes, Krishna en personne apparut, de couleur d'airain, avec un visage juvénile au front immense et bombé, aux grands yeux légèrement bridés, remontant vers les tempes et dont le 3° oeil vibrait. L'image, hallucinante de vérité et à trois dimensions, se déplaça vers la droite du champ mental pour disparaître. Immédiatement, la sensation d'un cyclone d'énergie imprégna les trois personnes dont une en fut le témoin privilégié. Enfin, en quelques instants tout le vortex énergétique entra dans le corps de Z......"

"Le lendemain, Z...... eut la vision d'une tour dorée, en méditation, d'où une langue pendait, laissant sortir des milliards d'êtres. Quelques jours plus tard, le même témoin découvrit, à sa grande surprise, dans un ouvrage sur la spiritualité indienne que l'un des multiples aspects de Krishna était de "créer" par sa langue (le verbe créateur) des milliards d'êtres divers. Dont acte..."

Ce genre d'événement est conforme à la tradition indienne qui connaît les vertus des déités tantriques qui répondent à l'appel de certains Yogis. Toutefois, ce récit ne peut pas créer l'émulation chez les disciples qui encourraient le risque d'un échec et garderaient rancune d'avoir nourri de fallacieux espoirs. Nul n'est prêt qu'à son heure et qui fait l'ange fait la bête.

Être prêt, comment le sait-on?