jeudi 18 octobre 2012

Avertissement



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mercredi 17 octobre 2012

Lucifer et Shatan

Les cornes symbolisent les deux courants énergétiques, le long de la corde spinale, Ida et Pingala en sanscrit.


LUCIFER ET SHATAN

MYTHOLOGIE GNOSTIQUE




"En savoir plus long n'est pas en savoir plus, connaître le tout de la réponse. Or, on ne connaît le tout de la réponse quand il n'y a plus de question, mais cela n'arrive jamais car toute réponse soulève de nouvelles questions, sans parler du fait qu'il y a aussi entre les réponses un état de guerre qui fait que les unes s'opposent aux autres et personne ne peut trancher."


PASCAL


PROLÉGOMÈNES


Au sein de l’inconscient collectif, les mythes manichéens s’enracinent dans un passé relativement récent des civilisations ; 10.000 ans environ et pas plus. Pendant longtemps, les hommes ont cherché des explications à leur Souffrance et leur Ignorance ; n’en trouvant point, ils ont conçu des interprétations fantastiques aux évènements dont ils étaient les victimes (cataclysmes, maladies, vieillesse et la mort). Des théoriciens leur donnèrent des noms : Dieu, Diable à double figure (Shatan et Lucifer).


Shatan, Lucifer

Deux vocables à connotation sulfureuse et d’origine sémantique, diverse :


a) Shatan (d’origine sémitique), symbolisé par le serpent de la Genèse, nommé Sat Chit Ananda (Être, Sagesse, Félicité) en Indes, Shitane dans l’Islam, il correspond à l’idée de Connaissance interdite (l’Adversaire de Dieu donc qui refuse à sa créature de comprendre et d’apprendre). Insulte à l’intelligence que, contradictoirement, le Dieu confessionnel avait créée pour qu’elle se retournât contre lui-même ! Sophisme pervers de la part des Théoriciens es religion.


b) Lucifer (d’origine latine) signifie « porteur de lumière », le Flambeau de la Connaissance. Interdite, l’action cognitive de l’Intelligence fut considérée démoniaque par les religions.


Leur dénominateur commun reste l’acquisition de la Connaissance, inhérente à l’Expérience par la Vie Universelle ; prohibée par le Dieu de la Genèse.


Depuis l’apparition du judéo-christianisme ces deux noms ont été représentatifs du Mal absolu ; l’un symbolisant l’Adversaire qui porte nuisance aux Croyants en les incitant à s’écarter de la Sainte Doctrine, la Vérité dite révélée ; qu’elle fût d’origine sémitique ou chrétienne à travers le Talmud, le Coran et la Bible, l’autre résumant la dimension de l’homme - rebelle d’après la notion du péché originel - et en opposition à un hypothétique Dieu Créateur qui refuse à sa créature le droit à l’émancipation. Voilà, résumé en quelques mots, le tragique de la dimension de tout le Vivant selon les traditions religieuses, monothéistes, établies en Occident.


Il s’agit donc d’un écartèlement idéologique qui enfonça l’Humanité et le Vivant, de notre région du globe terrestre, dans un fantastique maelström psychique, psychotique, aux conséquences dramatiques, mortifères. Face à un Dieu, totalement irrationnel, dont le concept fut inventé par des théologiens manipulateurs, l’Homme, dernier maillon actuel d’une chaîne dite évolutive, n’avait le choix qu’entre la peste ou le choléra, un Dieu barbare, cruel et jaloux, ou un Diable à deux visages : Shatan-Lucifer. En quelque sorte l’équivalent de faux similaires en philosophie. Tous deux également prédateurs si l’on considère les Écritures dites saintes et révélées.


Dieu avait donc créé un Diable, comme pour plonger le Vivant dans un dilemme totalement tragique en transformant la Terre en un lieu irrationnellement expiatoire. Raisonnement perfide parce qu’initié par des Théologiens pervers qui l’utilisaient pour maintenir le reste de l’Humanité en état de servitude angoissée, de dépendance surréaliste et de névrose paranoïde. Contradiction et notion anthropomorphique d’un environnement surréel, qui advinrent, toutes deux, avec l’évolution darwinienne. Tout ce qui entrave l’accès au bonheur de vivre est le Mal (le Diable) ; son contraire le Bien (Le Dieu). Plus tard, ces mêmes concepts évoluèrent vers le tragique idéologique, social et politique.


Ce Janus Bi-Front des idéologies religieuses se retrouve jusque dans les traditions gnostiques où il prolifère jusqu’à l’aboutissement du Catharisme qui engendre le fanatisme des uns, les Parfaits qui dénient toute valeur à l’existence terrestre et ambitionnent une mort sacrificielle pour mériter un retour au Plérôme - le Paradis mythique - ; des autres, les Théologiens au fanatisme meurtrier.


Cette dichotomie n’a jamais été clairement fixée au fil de l’Histoire. Fluctuante selon les théologiens et théoriciens es dogmatisme religieux, elle a pu aboutir à une radicalisation manichéenne au sein du Catharisme qui considérait le monde comme étant le Mal absolu, sous la coupe de Shatan. Lucifer concernait essentiellement l’homme en sa démarche vers la Connaissance ; attitude répréhensible d’après les Pères du christianisme qui jugeaient que l’Homme n’avait rien à apprendre mais, au contraire, à espérer un retour au sein d’un Dieu créateur dans la mesure où il se plierait aux Dogmes après une sévère expiation de sa volonté à vouloir comprendre. Cette aberration connut son apogée avec les Inquisitions et l’affaire sinistre de GALILEE et Giordano BRUNO, notamment.


De nos jours, la problématique reste entière car les fanatismes religieux continuent de perdurer à travers des concepts manichéens articulés autour de Shatan et Lucifer ; diversement nommés selon les cultures mais au substrat idéologique, identique. De cette manière on a pu entendre l’Islam intégriste traiter l’Amérique de grand Shatan, légitimant tous les attentats terroristes. Phénomène troublant si l’on considère les découvertes scientifiques modernes, actuelles, et les immenses promesses de l’astrophysique comme celle de la biologie.

LE BIEN ET LE MAL


"A l'aube du 16 mars 1244, descendent en silence de la citadelle invincible de Montségur, des ombres sombres qui s'avancent vers le grand bûcher dressé, au milieu du Prat des crémats. Ce sont les derniers Parfaits..."

La Genèse est un récit dramatique. Il s’agit d’une tragédie véritable à travers le mythe du péché originel. Le Vivant est coupable, condamné selon un principe que KAFKA exploita dans ses écrits, sans savoir la cause de son bannissement. Handicapé dès la naissance, l’Homme doit assumer son existence comme une épreuve, un souffrance, un calamité, toutes expiatoires d’une faute qu’il aurait commise sans la savoir ! Voilà ce que la Bible lui apprend ! Les conséquences de ce scandale sont gravissimes pour l’équilibre mental des Croyants.

Une étude rétrospective, des récits de la Genèse, s’impose.

a) Dieu aurait créé le monde en 7 jours. Théorie qui suppose la connaissance du temps et de l’espace, de l’éternité ; données scientifiques par excellence et cette évidence commence mal pour le scripteur de la Genèse.

b) Au 7° jour, Dieu se repose ! Comme un Humain qui a besoin du repos après le labeur. Il y a donc anthropomorphisme du discours déiste. Déjà, en tant que tel, il devient invalide et pour cause. Car c’est un Homme qui conçoit son Dieu à son image et, vice versa ! La subtilité est de taille. Que se passait-il donc ce 7° jour ?

Le temps coulait ! L'Homme vivait comme un champignon, une légume, sans histoire, dans un Eden, un Paradis, un Plérôme. Des anges se répandaient en louanges à la gloire de leur Dieu ! Ils avaient un Chef, Lucifer. Ah bon ! Ils sont venus sans raison, par volonté divine. Lucifer ne savait à qui transmettre sa lumière, il n'y avait pas d'ombre pour la recevoir. Adam et Ève erraient à proximité des deux arbres aux fruits interdits : celui de la Connaissance et celui de la Vie. Lucifer songeait. Et ce fut la Révolte, la Rébellion. Lucifer devint le serpent tentateur.

Ces métaphores résument des réalités scientifiques que la découverte du Big Bang et du Vide quantique nous ont révélées récemment.

Le Serpent fit son Œuvre. Comment Lucifer est-il devenu Shatan, le Diable ? Lucifer était l'ange de Lumière et, en se transformant sous l'aspect du Prince des Ténèbres il devint Shatan. Les documents religieux, théologiques, spirituels des différentes approches de ce problème éternel qui se pose à l'homme au sujet des deux entités qui ne semblent que coexister dans l'antagonisme permanent du Bien et du Mal, de la Lumière et des Ténèbres, du Temps et de l'Éternité, sont pris à la lettre par les "Croyants" et Théoriciens es dogmatisme. Les deux appellations sont les symboles d'une même réalité sousjacente.  Les notions de "bien" et de "mal" sont affaire de Théologiens, Psychologues, Scientifiques et Epistémologues ; elles sont évolutives à travers le temps et en fonction de l'Eveil de la Conscience collective sur sa Responsabilité ontologique.

dimanche 16 septembre 2012

Ce soir à Samarkand



CE SOIR À SAMARKAND


L’Homme est-il libre ou déterminé, dés la naissance ? Redoutable dilemme sur lequel quantité de Philosophes se sont penchés depuis des siècles.

Selon les dires d’un Sage indien, Sri RHAMANA MAHARICHI :

 « Ce qui doit arriver arrivera, quels que soient les efforts que vous ferez pour l’éviter. Ce qui ne doit pas arriver, n’arrivera pas, quels que soient les efforts que vous fassiez pour que cela se produise. »

DESCARTES avait cru nécessaire d’attribuer, à l’Homme, un libre arbitre et d’en faire une faculté indépendante parce qu’il se sentait libre. Cependant ce sentiment de liberté est factice ; il est pure illusion. Certes, tout un chacun est libre de se déplacer sur la Terre mais, en réalité, il tourne en rond ; notre planète se déplace dans l’Univers sans que nous nous en rendions compte, tel un vaisseau spatial. Son immobilité n’est qu’apparente, d’autant plus qu’elle tourne, sur elle-même, aussi. Un oiseau, volant du haut des cieux, pense être libre mais il ne l’est point car il est tributaire des vents et d’un environnement contingent.


Les causes de nos actions, de celles d’autrui sur nous et l’environnement, nous échappent à la réflexion profonde. Nous n’avons pas un réel contrôle de notre existence. Jacques DEVAL avait brossé un tableau drastique de la problématique avec sa pièce de théâtre « Ce soir à Samarkand ».


« Il y avait, une fois, à Bagdad un Calife et son Vizir. Le Calife l’avait envoyé au marché pour lui acheter un coffret dont on lui avait vanté la beauté. Mais, peu après, le Vizir revint pâle et tremblant. Il se jeta aux pieds de son Maître : « Pardonnez-moi, lui dit-il, mais j’ai dû quitter précipitamment le marché, car une femme m’a heurté dans la foule. Je me suis retourné et cette personne, au visage impassible, à la voix grave et aux cheveux sombres, serrés dans une écharpe rouge, c’était la Mort. En me voyant, elle a fait un grand geste vers moi. Puisque la Mort me cherche, si vous m’aimez Seigneur, prêtez-moi votre cheval le plus rapide et j’irai me cacher loin d’ici, à Samarkand ».


« Le Calife prêta son propre coursier au fidèle serviteur qui disparut vers sa destination.


Puis le Calife se rendit, lui-même, au marché et rencontra la Mort. « Pourquoi as-tu effrayé mon Vizir qui est jeune, bien portant, lui demanda-t-il ? La Mort lui répondit : « Je n’ai pas voulu l’effrayer mais, en le découvrant à Bagdad, j’ai eu un geste de surprise, car je l’attends, ce soir, à Samarkand ».


La notion de déterminisme impliquerait-elle, comme corollaire, une fatalité absolue ?


Si l’on en croit la tradition indoue, chaque partie du Vivant est l’enfant de ses œuvres ; chaque sentiment, pensée, action et émotion engendreraient un train de conséquences à l’infini et traduit, sémantiquement, par le vocable « Karma ». Nous hériterions donc des contingences découlant de nos existences passées dont les séquelles seraient rétribuées, à la manière d’un boomerang, de manière immédiate ou différée, dans les vies présentes et futures. Le Vivant serait, par conséquent, à la fois libre et déterminé.


Tout Être humain naît dans une région du globe terrestre, sans choix apparent. Il en est de même pour son milieu familial, de ses tendances ontologiques, son état de santé originel, la couleur de ses yeux son apparence générale, son degré d’intelligence. Il est soumis au sommeil, la maladie, aux rythmes biologiques dont ceux de la libido. Son karma sera, aussi, lié à celui de ses Géniteurs et proches, son groupe social, la cité, le pays et l’humanité tout entière.


Vaste problème donc et que situe bien le constat : « Nous faisons, librement, ce que fatalement nous devions faire » ; jusqu'au soir final, de notre vie, à Samarkand.

mercredi 18 juillet 2012

La symbolique et les symboles

  

LA SYMBOLIQUE ET LES SYMBOLES

 
"En vertu de la nécessité du Symbole, quand le sens des vrais symboles est perdu, le peuple en adore de faux".
Paroles du serviteur inconnu

"Ainsi toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences".
DESCARTES

DES SYMBOLES

 

La symbolique est la pratique des symboles, tandis que la sémantique qui la complète étudie le sens des mots. Le langage reste un moyen de communication et la langue est l'instrument qui sert à transmettre les idées. Le processus fondamental de la communication, par le langage parlé, consiste en une association psychique entre deux termes réunis:

a) La forme signifiante.
b) Le concept signifié.

Ensuite interviennent les deux phases de l'évocation du nom par la chose et celle de la chose par le nom.

Des chercheurs comme OGDEN et RICHARDS ont résumé ces processus selon le schéma suivant:

Référence au concept signifié (a)

Symbole; à la fois forme signifiante et son image acoustique (b) Référent ou chose nommée(c)

Commentaires

La liaison est indispensable entre (a) et (b), (a) et (c); une liaison indirecte existe entre (b) et (c).

Les raisons sont évidentes. La notion de symbole peut se trouver dans la sémantique comme en dehors d'elle. Selon l'étymologie grecque, le symbole est un signe de reconnaissance formé par les deux moitiés d'un objet brisé, qu'on rapproche. Plus exactement, le symbole réside dans l'une de ces moitiés car, après avoir réuni les deux parties, nous avons la réalité de l'objet ou du sujet. Par conséquent, la moitié d'un objet est l'image, le signe de son autre moitié absente, d'une part, puis le symbole de son tout, d'autre part. Ainsi le signe peut être la catalyseur d'une attitude de la pensée qui se tend vers ce qui est absent.

Le symbole est aussi défini comme "ce qui représente autre chose en vertu d'une correspondance analogique". L'analogie est une identité du rapport qui unit, deux à deux, les termes de plusieurs couples. Cette même identité peut s'appréhender lors d'une expérience concrète ou d'une construction mentale.

Ces deux définitions complémentaires permettent de formuler qu'un symbole est un signe concret évoquant, selon un rapport naturel, un élément absent ou impossible à percevoir en un certain état actuel des choses. Par extension, c'est alors un signe autorisant le psychisme à entrer en résonance avec une réalité autre et dans le cadre d'une dimension différente.

L'accumulation des symboles, leur multiplication, aboutissent à des systèmes de pensée plus ou moins formels, selon qu'ils ont disparu devant la réalité qu'ils sous-tendaient ou, au contraire, se sont substitués à celle-ci par carence intellectuelle ou pour d'autres raisons. Il en ainsi, par exemple, pour la superstition qui revêt, souvent, un savoir disparu faute d'avoir été partagé et compris.

Aussi, peut-on constater que des symboles se confondent avec un savoir, bien que le lien avec la réalité ait été rompu avec le temps, et définissent la symbolique spécifique d'une religion, d'un courant idéologique ou politique. La dogmatique judéo-chrétienne est un modèle flagrant de faux savoir, avec sa symbolique bâtarde; le grand philosophe KANT l'avait dénoncé.

DE LA SYMBOLIQUE


Les diverses symboliques, de par le monde, sont pour la plupart des systèmes de pensée qui, à travers les civilisations et les ères, ont perduré sous la forme de récits fabuleux, de mythes religieux, initiatiques ou profanes. Ainsi la franc-maçonnerie, les églises et religions, sectes diverses ont-elles pour substrat des symboles dont la signification varie selon les écoles et les théoriciens eux-mêmes. Le sens originel ayant disparu, quantité de doctrinaires font catéchisme dont la variété des interprétations le dispute à l'élucubration.

Certes, les découvertes scientifiques, modernes, permettent la révision de concepts erronés en fonction de l'honnêteté des idéologues. Mais cette possibilité n'est pas toujours réalisée; ainsi, la dogmatique judéo-chrétienne refusa la thèse de COPERNIC et de GALILEE sur le mouvement alterné de circumduction et de circonvolution de la terre autour du soleil. Cette découverte n'avait pas de correspondance avec la symbolique à l'intérieur de la dogmatique catholique. Il fallut attendre l'année 1821 pour que le Vatican admette la rotation de la terre autour de l'astre solaire, et l'an 1992 afin que GALILEE soit réhabilité par les théologiens, à travers une bulle papale.

La mythologie contient des mythes, des fables et métaphores, souvent à l'imagerie populaire archaïque, ou prophétique selon les cas, et dont la caractéristique essentielle est la compensation d'un présent qu'on rejette au profit d'une quête à la dimension autre et considérée, à tort ou à raison, comme libératrice. Il y a une projection psychologie et psychique sur l'absence, l'aléatoire et l'altérité à travers et par l'imaginaire.

Les mythes peuvent anticiper l'avenir dans la mesure où ils véhiculent un coefficient important de l'inconscient collectif, nonobstant un éventuel dépôt scientifique, dont la sens a été perdu (l'alchimie n'est qu'un dépôt de ce genre et sa symbolique n'a pas été encore parfaitement décryptée). Ils conduisent les mentalités vers l'avenir, en ce qui constitue ses soubassements occultes.

L'enracinement des symboles s'effectue sur tous les plans de la personnalité. La mythologie conditionne l'individu de manière insidieuse et elle peut être bénéfique ou bien maléfique, en fonction des critères moraux, d'action, retenus par les sociétés humaines pour définir une normalité du comportement.

Les morales sont multiples et à l'infini. Elles dépendent de la moyenne statistique du comportement majoritaire, au sein d'un microcosme social et en une situation géographique donnée. Ce peut être, aussi, en regard du moment historique de l'évolution sociale; les paramètres de temps et d'espace sont déterminants, à cet égard.

L'interférence entre morale et symbole est évidente. Elle est particulière car il s'agit d'osmose culturelle aboutissant à une philosophie de l'existence dont les répercussions peuvent être énormes. L'exemple du catharisme est probant en la circonstance. L'exploitation, la tentative d'accaparement et de récupération de l'idéologie cathare, par le nazisme, en sont un aperçu.

La symbolique requiert, mobilise et conditionne à travers la mythologie et la sémantique, à condition que ses leviers d'action psychique soient actionnés par quelques politiques ou idéologues, toutefois. Si des psychologues réunissent les conditions favorables, par la propagande et la publicité, le viol psychique des foules est possible. Les mythes peuvent constituer une forme de programmation psychique, particulièrement efficace.

Le conditionnement est un automatisme de réactions provoquées et entretenues par un catalyseur. Certes, il ne saurait être question de remettre en cause des réflexes physiologiques qui sont libérateurs, comme les battements du cœur, la respiration, la digestion, etc... Il suffit de nous rappeler que, si nous avions à apprendre sans cesse, à chaque pas, à marcher puis à provoquer les pulsations cardiaques, à diriger la digestion et à respirer, notre énergie serait vite épuisée. Nous ne pourrions plus l'utiliser dans le domaine de la pensée supérieure. Ces conditionnements sont bénéfiques car ils favorisent l'épanouissement des facultés supérieures de l'être humain, comme pour l'animal d'ailleurs et les plantes, tout en respectant l'intégrité. L'évolution universelle des espèces en ayant été, en restant, le moteur En revanche, d'autres conditionnements prêtent à caution.

Le savant russe PAVLOV a démontré qu'un symbole peut se substituer à une expérience. Si on associe une perception: un signal optique, verbal, tactile, olfactif ou gustatif à un objet ou une situation (selon le principe déjà étudié dans le schéma plus haut), au terme d'une certaine habitude la seule sensation détermine l'expérience et la provoque. Ainsi, le son d'une cloche, un mot, le passage d'un courant électrique dans une partie du corps, deviennent le signal de la nourriture pour un chien entraîné à entendre ces bruits et à subir l'électrocution quand il mange. Alors, ces mêmes signaux suffisent pour le faire saliver et provoquer la sécrétion de suc gastrique, sans apport d'aliment.

Il est possible de rendre complètement fou un chat, par exemple, en l'habituant, d'abord, à entendre le son do avant de manger de la viande, et le son fa lors d'un coup de bâton sur son corps. Au fil de l'expérience, on rapproche le son fa du do, en descendant la gamme; mais on maintient les coups de bâton pour l'un et la viande pour l'autre. Lorsque les deux sons se confondent dans le do, le chat devient dingue. Alors il se jette sur un verre d'alcool, mis à sa disposition, et qu'il vide complètement afin de se guérir; il cherche, instinctivement, le neuroleptique qui le sauvera de la démence. Le film "Orange mécanique" relate une histoire analogue, concernant un être humain.

La découverte de PAVLOV fut lourde de conséquences dans les applications psychiatriques, contre les opposants au régime communiste, notamment. Elle est à la mesure de l'imagination la plus débridée.

Cet aspect terrible du conditionnement inhérent au signe ne concernerait pas le symbole proprement dit, si on en croit le philosophe H. PIERRON (confer: Vocabulaire de psychologie):

"...Le signe est donné par une perception conventionnellement associée, par intervention humaine, à l'expérience d'un objet ou d'une situation, perception d'un geste ou d'un mot par exemple, susceptible de se substituer à l'expérience de l'objet ou de la situation. Le signe et le symbole sont souvent employés en synonymie. Mais un signe qui peur rester indépendant de ce qu'il signalise sera plus exactement appelé symbole".

Ainsi la symbolique voudrait respecter les structures de la pensée en ne lui imposant aucun automatisme réactionnel, à priori. Par conséquent, la créativité imaginaire peut se manifester, sur le plan concret, en toute liberté. Mais cette théorie ne pourrait se justifier qu'à travers la perte du sens originel du symbole, pour le patrimoine culturel. Autrement dit, pour le sauvage d'Amazonie un poste de télévision serait un miroir magique, le symbole irrationnel d'une communication extra temporelle. Toutefois, si le folklore perpétue ce concept au sein des mentalités successives, dans le temps et l'espace, n'y aurait-il pas conditionnement intellectuel? Bien que l'approche de la réalité sous-tendue par l'appareil électronique soit presque effective puisque un écran cathodique est comme le miroir magique des contes de fées. Mais, d'où vient ce mode de raisonnement, dont l'efficacité reste étonnante? Y a-t-il un souvenir culturel, dans la tradition orale des conteur sauvages, de cet ordre magique? Dans l'affirmative, probable, il y aurait donc conditionnement inconscient.

Y aurait-il une forme de conditionnement absolu, inhérent à l'environnement existentiel, lui-même?

Par analogie, l'homme serait le symbole de toute la création. Cette notion est enseignée, aussi bien par les religions que les traditions initiatiques. L'être humain manifesterait une réalité universelle, encore inaccessible par la pensée mais que l'imaginaire pourrait saisir.

Dés lors, une multitude d'interrogations se posent. Sommes-nous déterminés ou libres; ou bien les deux à la fois et delà même de ces concepts. D'après la philosophie indienne, l'univers est la manifestation d'une conscience universelle. Les symboles pourraient être le mode de relation approprié à cet égard. Chaque parcelle du monde, du plus petit au plus grand, est une étincelle de conscience, symbole de la plus vaste encore.

Les idées de déterminisme et de liberté sont antagonistes. Le dilemme, qu'elles posent, constituent le symbole de la dualité chère au manichéisme. Mais l'humanité n'a point pu le résoudre. De quoi, ou bien de qui, ou bien de bien plus différent encore, cette ambiguïté est-elle le signe symbolique? L'imaginaire a beau se tendre, il n'atteint pas la réalité sous jacente.

La dualité a toujours été rendue de manière fantastique par les religions. Elle est le symbole autour duquel se sont articulés les systèmes de pensée les plus disparates (le manichéisme, le catharisme, le judéo-christianisme, la matérialisme, etc...). Nous avons le déterminisme inhérent aux lois naturelles et cosmiques, sociales, selon une forme immense de conditionnement (les hormones, par exemples). Relativement, on constate qu'il existe des différences au niveau individuel et qu'une liberté relative s'intègre dans l'absolu de l'Universel.

Ferait-on librement ce que fatalement on devait faire?

Mais la fatalité ne serait-elle point un symbole, à son tour?

Les religions ont voulu éradiquer le problème par une sorte de pirouette intellectuelle. Pour elles, l'absolu, Dieu donc, est déterminant. S'en affranchir c'est faire usage d'une liberté quasi luciférienne dont il convient de faire acte de contrition. Il revient à l'homme de se repentir de sa liberté pour se fondre au sein du déterminisme divin. La notion de liberté est liée au péché originel.

Le péché originel est aussi un symbole.

La contradiction entre le péché originel, permis par Dieu, et la nécessité fondamentale de s'en libérer alors que la divinité y a autorisé, ce paradoxe donc permet la solution du symbole. L'esprit humain avait essayé de rationaliser l'inconcevable symbole qui cacherait le secret de la vie. Comment? Par la condamnation de cette même question qui rendrait l'humain égal à Dieu.

Le concept de fusion est mal rendu par les mentalités. Il ne s'agit pas d'anéantissement, de dissolution au sein d'un océan cosmique (appelé Dieu, ou n'importe quel autre nom). En vérité, il s'agit d'une réalité autre:

"Imaginons A et B, deux êtres complètement différents, qui veulent fusionner. Comment vont-ils procéder?"

"A va s'approcher de B et incorporer son essence sans l'amputer; à la manière d'un aimant qui aimante sans rien perdre de sa propre faculté d'attraction."

"B va procéder de même."

"A sera devenu A B; B sera devenu B A; mais aucun n'aura disparu!"

Ce processus est celui que désigne le symbole du péché originel, à travers ses contradictions qui se résolvent d'elles-mêmes. C'est ainsi que le Yoga indien enseigne que la Réalisation du SOI est le fruit de la fusion entre le soi humain et le SOI cosmique. La liberté rencontrant le déterminisme, fusionnent ensemble pour devenir "autres" mais sans se perdre à travers l'anéantissement. Il s'agit d'osmose spirituelle.

Autrement, la vie n'aurait aucun sens. Que font les couples hétérosexuels?

La symbolique initiatique est essentiellement analogique et peut résumer, sommairement l'universel:

a) L'unité des univers et de leurs composants.

b) L'identité du plan de la conscience et de la matière.

c) Un rapport permanent entre la conscience (l'incréé) et la matière (le créé), pouvant être exprimé par la symbolique.

d) Une osmose des consciences

e) Une ascension vers l'état de la conscience cosmique, par fusion

f) Une évolution exponentielle vers un devenir à l'infini du temps et de l'espace et hors eux, au-delà d'eux, en deçà, etc...

La notion de connaissance est liée à la conscience: la symbolique est une forme de savoir intellectuel qui peut aboutir à l'éveil de la conscience. Il existe aussi, forcément, un symbolisme universel qui conditionne ses homologues contingents et relatifs, humains donc.

L'humanité vit au travers et par la symbolique car elle correspond fondamentalement à l'idée du philosophe:

"Tout ce qui passe est symbole"

GOETHE

Et nous passons!

lundi 16 juillet 2012

Un Homme dangereux



UN HOMME DANGEREUX…



« …Il reprit : »

« LANG, est-il licite de tuer l’ennemi de la patrie ? »

« Certainement, Herr Direktor. »

« Et d’employer contre lui le mensonge ? »

« Certainement, Herr Direktor. »

« Et la ruse la plus déloyale ? »

« Certainement, Herr Direktor. »

« Cependant, vous ne voulez pas employer la ruse envers le docteur VOGEL ? »

« Nein, Herr Direktor. »

« Pourquoi ? »

« Ce n’est pas la même chose. »

« Pourquoi ce n’est pas la même chose ? »

« Parce qu’il ne s’agit que de moi. »

Il fit « Ah ! Ah ! » d’un ton aigu et triomphant, ses yeux brillèrent derrière ses lunettes d’or, il jeta la règle sur la table, croisa les bras et eut l’air profondément satisfait.

« LANG, dit-il, vous êtes un homme dangereux ».

Le gardien-chef tourna la tête et me dévisagea d’un air sévère.

« Et savez-vous pourquoi vous êtes un homme dangereux ? »

« Nein, Herr Direktor. »

« Parce que vous êtes honnête. »

Ses lunettes d’or étincelèrent et il reprit :

« Tous les hommes honnêtes sont dangereux. Seules les canailles sont inoffensives. Et savez-vous pourquoi, gardien-chef ? »

« Nein, Herr Direktor ».

« Désirez-vous le savoir, gardien-chef ? »

« Certainement, Herr Direktor, je désire le savoir. »

« Parce que les canailles n’agissent que par intérêt, c’est à dire petitement ».

mardi 26 juin 2012

Rencontre avec une calebasse



RENCONTRE AVEC UNE CALEBASSE


"Je n'ai jamais été un chercheur de la Vérité mais un amoureux de la Vérité qui, de ce fait, la trouve!"

Paroles de l'inconnu

Le soleil frappait sec et d'équerre, sur le chemin caillouteux et la fournaise de l'été immobilisait gens, animaux et arbres, d'une chape brûlante. On était au mois de septembre et, pourtant, le soleil ne voulait pas encore répondre au calendrier.

Le pas lent du marcheur crissait sur les pierres poussiéreuses qui montaient vers le sommet de la colline, là-bas. Il avait soif et rêvait d’eau fraîche coulant d'un ruisselet. Il marchait de plus en plus lentement.

Dans les brumes de sa rêverie, il distingua un homme sans âge, assis au bord du chemin et bizarrement vêtu. D'abord il avait un méchant pantalon, usé, noué d'une ficelle de chanvre, puis une chemise à manches courtes, râpée, usée jusqu'à la trame et qui avait dû être blanche.

S'approchant, il découvrit une drôle de tête aux yeux lourds, aux traits acérés et aux cheveux noirs qui le faisaient ressembler à un grand escogriffe. Surtout, il y avait une espèce de gourde posée à terre et qui devait être pleine. Déjà il s'en désaltérait!

Arrivé à sa hauteur, il s'arrêta pour échanger quelques banalités:

"Il fait chaud!"

L'autre le fixait en hochant la tête. Il renchérit alors:

"Je meurs de soif".

Le silence continuait, sous le regard perçant de l’homme. Il abdiqua:

"Auriez-vous quelque chose à boire ?"

D'un geste lent, l’homme tendit sa gourde et prononça lentement:

"Elle est vide".

Puis il la reposa à terre. Le marcheur découvrit, alors, qu'il s'agissait d'une calebasse; il reprit:

"Permettez-vous que je m'asseye prés de vous?"

"Faites donc", autorisa l’homme d'un ton neutre.

Il s'assit donc et le silence continua.

"C'est une calebasse?", interrogea-t-il.

"Oui".

"C'est rare ?", insista-t-il.

"Oui".

"Vous venez de loin?"

"Non".

"Vous habitez le coin?"

"Non".

"Ah!"

La discussion n'était pas féconde. La calebasse vide l'intriguait et il la regardait; à quoi peut bien servir une calebasse vide, se demandait-il? Si encore elle avait été pleine, il comprendrait mais, de toute évidence, elle ne l'avait pas été puisqu'elle était ouverte et qu'il n'y avait aucune trace de bouchon, de ficelle, rien.

Il étira ses jambes, prit une position plus confortable et continua de penser, sans but. Cette calebasse l'intriguait. Une calebasse vide est pleine de quelque chose, tout de même; tout est relatif selon le point de vue où l'on se place. Elle est pleine d'air, évidemment, mais en poussant très loin dans l'absurde, est-elle pleine de vide ou vide de plein?

"Bof, je divague", se dit-il.

"C'est mon quart d'heure colonial et le soleil en est la cause".

Son esprit était vide comme la calebasse. Sa vie aussi d'ailleurs. Pourtant, il avait plein de choses: une voiture, une maison, un emploi, une femme et des enfants, des amis, des parents, un compte en banque bien garni, des lingots d'or et des actions à la bourse, la santé, etc... Abondance de biens ne nuit pas...! Bof! Il se sentait pourtant vide comme cette maudite calebasse qui le narguait de l'œil noir de son embouchure.

A l'intérieur de lui-même, c'était tout aussi noir. Il ne savait pas pourquoi; peut-être parce qu'il avait trop de biens au soleil. Il regarda l'astre solaire et baissa aussitôt les yeux. La vérité est comme la lumière, insoutenable.

Il savait seulement que tout cet avoir ressemblait à cette calebasse dont lui était le vide... Derrière cette muraille qu'y avait-il? D'abord lui-même, vide, d'un côté et un ailleurs, vide, de l'autre. Une fenêtre n'existe que s'il y a un vide de chaque côté.

La vacuité est liée à la plénitude comme les aspects d'une seule et même réalité, mais laquelle?

"Je ne vais pas bien et ce soleil tape dur sur ma pauvre cervelle de..."

et il s'interrompit pour découvrir, tout à coup, qu'il venait de s'apitoyer sur lui-même.

"Ouh, c'est grave et je délire", se dit-il.

"Maudit soleil"!

"Bon il y a le vide et le plein. Si j'y mets quelque chose sera-t-elle, cette maudite calebasse, à moitié pleine ou à moitié vide? A moitié pleine, si j'espère la remplir, à moitié vide si j'en désespère. Que c'est fatigant de penser par cette chaleur".

"Ma vie n’est pas complètement vide, c'est vrai et c'est d'ailleurs ce qui me permet de vivre. Une vérité de La Palice ! Mais, il y a un mais; si je me pose toutes ces questions, c'est bien que cela n'est pas aussi évident que je le pense. Ah! Ma vie, ne serait-elle pas à moitié vide"?

"Voilà, j'arrête de penser. Ouf! Cela fait du bien. Est-on fait pour réellement penser, d'ailleurs ? Quand on pense, on ne fait que cela et on devient fou! La preuve? Tous les penseurs ont mis le monde à feu et à sang, par personne interposée. A cause des idées, les fanatiques de tout bord ont massacré des innocents; les imbéciles! La pensée ne doit pas être prise à la lettre, évidemment, et encore moins les discours. Ah!"

"Pas moyen de s'arrêter de penser. Que faire? Je n'ai jamais pu aller au fond des choses par la pensée. Je raisonne comme une casserole quand je pense. Je suis trop plein de préjugés, d'idées toutes faites et empruntées aux autres. Et moi ...? Tiens donc; je découvre que je n'ai jamais pensé par moi-même, jusqu'à présent. Ouh, la la! C'est grave. Maudite calebasse".

"Bien, j'arrête de penser, pour de bon cette fois-ci. On va bien voir s'il vient quelque chose, du vide, et qui ne soit plus ce que la société m'a inoculé comme idées... étrangères, à moi".

Il ferma les yeux, et s'endormit.

Une éternité était passée, quand il s'éveilla. D'abord, il s'interrogea, les yeux mi-clos:

"Où suis-je? Cela fait combien de temps que je suis ici? Où est passé l’homme? Ah, c'est vrai, je l'ai vu partir, tout à l'heure, et il m'a dit: Alex, brise cette calebasse et tu auras la réponse à tes questions". (Alex: de a privatif et lex "loi").

Il sursauta alors en rouvrant les yeux, pour s'inquiéter avec angoisse et après avoir constaté que son hôte avait bien disparu:

"Mais comment ai-je pu le voir partir, par quel moyen a-t-il pu m'appeler par mon prénom et deviner mes pensées secrètes?"

Il pensa qu'il avait rêvé, tout simplement, après s'être endormi, et il se leva lentement. S’étant dérouillé les jambes, qu'il avait engourdies, il jeta un regard circulaire et, avec stupéfaction, découvrit la calebasse, gisant sur un lit d'herbe.

Il la prit d'une main ferme, la tourna et retourna en songeant que son cerveau était sûrement plus fêlé que l'écorce de la calebasse dont la fêlure qu'il devinait à travers un fin liseré brun, partait de l'embouchure pour mourir vers la base. Alors il la jeta énergiquement contre une grosse pierre où elle éclata en morceaux, et avec un bruit sec, vide...

Il contempla, longtemps, les débris épars et ne put s'empêcher de penser, encore:

"Ma vie éclatera un jour, en mille et un morceaux, et moi où irai-je ? A ma mort, et comme le vide contenu par cette calebasse disparue, où serai-je ? Serai-je dissout au sein de la vacuité ou bien deviendrai-je cette même vacuité ? Serai-je goutte d'eau dissoute dans l'océan ou bien océan moi-même ?"

Il secoua la tête, retourna sur ses pas pour rentrer dans sa demeure. Il chassa une dernière idée:

"Cet homme, quand même, avec sa calebasse...?"

Puis il pouffa:

"Maître calebasse...!"

Oui, mais...?




















































































































samedi 7 avril 2012

Les vrais mystères de la pensée indoue à la lumière d'Occident (Introduction à la Bhagawat Geeta - 4° volet)



Aucune religion n'est supérieure à la beauté d'une fleur.

I) SUR LE CHAMP DE BATAILLE DE KURU-KSHETRA


« Le mot éveil, quand l’analogie n’est pas comprise, donne à croire que l’homme est un endormi capable d’éveil, alors qu’il est tout entier, de jour comme de nuit, une figure du rêve que le Réel dissipe ».

Jean d’ENCAUSSE
La philosophie de l’éveil


(Arjun - Vishad: le désespoir et le découragement d'ARJUNA)


I.1 DHRTARASTRA DIT :

"O SANJAYA, qu'ont fait mes fils et les fils de PANDU après s'être assemblés au lieu saint de Kuru-Kshetra, prêts à livrer bataille?"

La scène de la bataille se déroule dans une plaine située prés de Delhi, entre l'Indus, le Gange et les Himalayas. Est-il possible que sous le prétexte d'une banale querelle de succession au trône royal, KRISHNA avalise la disparition de 640 millions d'hommes ?

KRISHNA est assimilé au DHARMA, la loi, qui désigne la propriété inhérente aux facultés de chaque partie de la création, ou à l'homme global, ou même à toute chose dans le cosmos. Ainsi, il est dit que le DHARMA du feu est de brûler. Le DHARMA de l'Homme est la « Réalisation de sa conscience »; mais il est responsable à la retarder en pratiquant l'ADHARMA (l'irrespect des lois du DHARMA). Par conséquent, le champ de bataille résume le combat des humains entre eux, entre ceux qui obéissent au DHARMA et les autres qui ne l'observent point, entre les "spiritualistes" et ceux qui accumulent richesses et "avoir" contre les premiers...! Il s’agit de l’ambivalence au sein de la vie, entre les pulsions destructrices et créatrices qui, toutes deux, ont leur rôle à jouer dans l’équilibre universel.

Les Védas n'étaient pas en retard sur notre siècle. Avec les récentes découvertes sur le Vide quantique, avec ses « cordes », il est impossible, actuellement, de concevoir la matière autrement qu’à travers la conception, quasi abstraite, de « forces dynamiques, virtuelles ». Sans qu’il faille conclure, sommairement, à la solution d’un problème d’essence exponentielle. Autrement dit, nous ne pouvons pas "savoir" ce qu'est le bismuth mais uniquement le phénomène que produit l'agencement intra-atomique de l'énergie spécifique de ce même métal. Cette proposition était celle des anciens Aryas, laquelle contenait aussi un constat fondamental: Ce qui perçoit réellement les phénomènes est le SOI (KRISHNA).


Le père des KURUS, DHRTARASTRA, sait que ses fils seront vaincus puisque KRISHNA est réalisé à l’intérieur des PANDUS. Dans le champ sacrificiel de l’existence, où l'homme est à la fois l'autel et le sacrifice, le DHARMA reprend ses droits. Les Aryas, dont le mythe de TUBALCAÏN reprend la légende en occident (confer: Voyage en orient de Gérard de NERVAL), considéraient l'Homme, en son essence, comme étant le char de DIEU (le SOI). De ce fait, ils levaient les yeux vers lui, au lieu de les baisser comme le font les judéo-chrétiens devant le dieu moïsiaque, jaloux, belliqueux, et cruel de la Genèse.



Le vieux Rajah DHRTARASTRA, aveugle, symbolise donc la Matière que le SOI anime, certes, mais qui reste à l’état de latence quand il n’est pas « Réalisé » au niveau ontologique. Le Gange, qui délimite la zone de combat, définit aussi le cours sacré de la vie spirituelle, incarnée par le SOI. Coulant à travers les sphères surréelles, il arrive dans la matière où il se manifeste, jusqu'à l'instant où il retourne à la mer cosmique, en toute conscience. La plaine est sacrée car elle est le temple du DHARMA ou bien le "corps acquis par le Karma"... Nous verrons plus loin ce qu’il convient d’entendre par ce vocable.

Le combat entre les KURUS et les PANDUS se déroule plus réellement à l’intérieur du corps humain, conçu et formé par le karma dont nous analyserons les fondements. Les cinq sens correspondent à ce que la tradition tantrique nomme les cakras :

- Muladhar (la terre – l’odorat)

- Svadhishthan (l’eau – le goût)

- Manipur (le feu – la vue)

- Anahat (l’air- le toucher)

- Vishudh (l’éther – l’ouie)

- Ajna (l’intellect – le 3° œil)

Tant que ces seuls cakras sont activés, l’homme reste encore un animal égotique. Il peut devenir un magicien en exploitant énergétiquement leurs pouvoirs mais il ne sera jamais un Sage ayant réalisé son SOI (KRISHNA). Pour accéder à la Réalisation du Soi, il convient de relier l’énergie d’AJNA à l’ultime cakra supérieur, au sommet du crâne :

- Sahasrar (KRISHNA – Dieu - SOI).

Le DHARMA, dont il sera question tout le long de notre étude, consiste dans la Réalisation au niveau de ce dernier cakra, ultime marche vers une divinisation de l’homme, étape vers d’autres Univers.

Cette notion de "DHARMA", reprise tout le long de la BHAGAWAT-GEETA, constitue l'explication à notre existence terrestre. La dualité principe, dont nous retrouvons l'application dans la physique (l'électricité, le magnétisme, la polarité terrestre, etc...) explique l'antagonisme social, politique, culturel, vital (vie mort). Il y aura toujours ambivalence dans le cadre de l'existence. D'un côté, existent ceux qui œuvrent pour l'évolution de la conscience; de l'autre le contraire. D'où l'explication des mondes interstellaires peuplés, selon les légendes millénaires et mythes, les uns par des Sages, les autres par des Démons. La science fiction en a repris, avec avantage, les enseignements. L'Homme a le choix entre deux voies, symbolisées par le Bien et le Mal. C'est la nécessité du choix qui justifie la vie mais la notion de responsabilité reste liée à l’Eveil de la Conscience qui, seule, détermine la réalité concrète du bien et du mal. Souvent un mal devient un bien ! L’inverse est valable.

De ce verset jusqu'au II.38°, ce sera la doctrine du SÂMKHYÂ que KRISHNA exposera à ARJUNA. Le SÂMKHYÂ est considéré, en Inde, comme le plus ancien "darçana"; il signifie la "discrimination", le but principal de cette philosophie étant de dissocier l'esprit (purusha) de la matière (prakriti). Le plus ancien traité est la "Sâmkhyâ Kârokâ" d'Ishvara KRISHNA, supposé antérieur au V° siècle après Jésus Christ.

PATANJALI fut l'artisan de la coordination du matériel philosophique, emprunté au SÂMKHYÂ, autour des méthodes de concentration, de méditation et de l'extase. Ainsi le Yoga devint un système de philosophie nulle part comparable. Ce sera de cette technique qu'il sera question à compter du verset II.39°.

I.2 SANJAYA DIT :

"O DHRTARASTRA, après avoir observé l'armée des fils de PANDU déployée en ordre de combat, le roi DURYODHANA s'approcha de son précepteur et lui tint ces propos:"

SANJAYA est le secrétaire de DHRTARASTRA. Il connaît l'issue de la bataille, par intuition, mais rassure le roi de la matière sur ses combattants; ils ne feront aucun compromis.

La matière est le moule de la forme pour la conscience. C'est elle qui conditionne et détermine le concept d'espace-temps, par le truchement du mental ou de la conscience cellulaire.

I.3

"Contemple, O ACHÂRYA, la puissante armée des fils de Pandu, disposée de si experte façon par ton brillant élève, le fils de DRUPADA."

DURYODHANA rappelle que DHRSTADYUMNA est un transfuge qui sert les PANDUS.

Les êtres vivants ont la possibilité de changer de voie... Aussi bien dans le sens constructif que destructif. Là encore le choix n'engage que leur responsabilité propre.

I.4

"Y vois-tu ces vaillants archers qui, au combat, égalent BHIMA et ARJUNA? Et combien d'autres grands guerriers, dont YUYUDHANA, VIRATA et DRUPADA au grand char!"

Une allusion est ici faite aux « yogis dits de la main gauche ». Il s’agit de magiciens qui exploitent les cinq cakras de la tradition tantrique pour manipuler la matière. Les archers représentent des magiciens capables de projeter leur énergie psychique à des fins égoïstes. Ils servent leur ego actuel et transitoire en recherchant la perpétuation de leurs instincts par une satisfaction quasi perpétuelle de leurs pulsions. Ils se veulent immortels en cristallisant une étape sur l’échelle infinie de l’Existence. Ils agissent comme les têtards qui décideraient de ne jamais devenir grenouilles.

Au Mexique, il existe un animal bizarre : l’Axolotl: (mot mexicain désignant la larve d'Amblystome - batracien Urodèle - Salamandrines - d'Amérique). Vivant dans les grottes marécageuses, obscures, du Mexique, l'axolotl possède la particularité de se métamorphoser en animal parfait (Salamandre) dès qu'il est extrait de la grotte pour être mis dans une mare à l'air libre. Auparavant, cet animal était donc prisonnier d'un cul de sac évolutif qui l'obligeait à rester à l'état larvaire et à se reproduire comme tel; sans jamais parvenir au stade de la Salamandre.

Il est possible que des humains se comportent de manière analogue, en bloquant leur évolution de manière consciente ou pas.

ARJUNA a une capacité supérieure qui provient de sa propre Réalisation du SOI.

I.5

"DHRASTAKETU, CEKITANA, KASIRAJA, KUNTIBHOJI, SAIBYA et tant d'autres encore, tous grands héros à la force remarquable!"

I.6

"Vois le remarquable YUDHAMANYU, le très puissant UTTAMAUJA, le fils de SUBHADRA et les fils de DRAUPADI. Tous sont de valeureux combattants sur le char."

Le char représente, aussi, les mondes roulant sur l'océan des forces cosmiques.

I.7

"O toi, le meilleur des brahmanas, laisse-moi maintenant te dire quels chefs habiles commandent mon armée."

Les brahmanas symbolisent les êtres qui ont choisi l'éveil permanent de la Conscience, personnelle et collective, comme Voie suprême.

I.8

"Ce sont des hommes de guerre renommés pour avoir, comme toi, obtenu la victoire dans tous leurs combats: BHISMA, KARNA, KRPA, ASVATTHAMA, VIKARNA et BHURISRAVA, le fils de SOMADATTA."

KARNA est le demi-frère D'ARJUNA, mis au monde par KUNTI avant son mariage avec le roi PANDU. Mais il s'agit aussi d'un événement cosmique, encore inexpliqué.

I.9

"Et nombre d'autres héros encore sont prêts à sacrifier leur vie pour moi, tous bien armés, tous maîtres dans l'art de la guerre".

Tous les héros sont prêts à mourir pour DURYODHANA. Là aussi, l'ambiguïté demeure. L'amour humain a pour corollaire la loi de la gravitation universelle, qui empêche les planètes d'entrer en collision, et la matière de se désintégrer. L'éveil de la Conscience actualise, de manière exponentielle, la faculté d'Amour; mais le contraire la diminue. Le combat existe entre les forces centripètes et centrifuges et, de leur équilibre, dépend la Vie universelle. Il n'y a donc jamais victoire d'une partie sur l'autre et c'est, là, la Vérité incommunicable car..., incompréhensible pour la plupart des gens. Que dit la géopolitique, d'ailleurs? L'amour est le Suprême équilibre entre deux formes d'énergie... C'est pourquoi il est Sagesse.

I.10

"On ne peut mesurer nos forces, que protège parfaitement BHISMA, l'ancien, tandis que les forces des Pandavas sont limitées, puisqu'elles n'ont, pour les défendre, que les soins de BHIMA."

DURYODHANA évalue ses forces, comme dans un jeu d'échecs, tout en sachant l'issue du combat. Cependant, il s'intéresse à l'échiquier en l'analysant scientifiquement. La portée spirituelle est évidente; nous l'analyserons plus loin.

BHISMA, le général, dirige les Kurus. Il est le plus émérite et le plus expérimenté par rapport à BHIMA, son homologue, qui commande les PANDUS.

L'expérience de la vie apporte la sagesse pour celui qui la cherche!

I.11

"Maintenant, vous tous, de vos positions respectives, apportez toute votre aide au vieux BHISMA."

I.12

"A cet instant, BHISMA, le grand et vaillant aïeul de la dynastie des Kurus, père des combattants, souffle très fort dans sa conque, qui résonne comme le rugissement d'un lion, réjouissant le cœur de DURYODHANA."

L'aïeul de la dynastie des KURUS sait que son petit-fils n'a aucune chance devant KRISHNA. Pourtant il souffle dans sa conque, dont le symbolisme est révélateur; en l'occurrence, l'écho provoqué par une coquille recourbée, appelée conque, est lugubre et plaintif, comme pour rappeler le chaos d'où est sorti notre univers. Cet écho est le son OM, la vibration chaotique qui, seule, selon la sagesse védique, remplit le vide universel et dont les parcelles sont répandues à l'infini, jusque dans les cellules du corps humain (confer: les Sittars, tome II).

I.13

"Alors les conques, bugles, cors, trompettes et tambours, se mettent à retentir, et leurs vibrations confondues provoquent un grand tumulte."

Nous avons une similitude dans l'application des sons à des fins parapsychiques, en Afrique noire. Ainsi, des sorciers noirs utilisent certaines modulations sonores pour affecter le psychisme de leurs sujets, soit dans un but thérapeutique, soit dans une intention de nuisance. Les égyptiens connaissaient ce genre de pratique et leur science s'est conservée au sein des anciennes peuplades, jusqu'à nos jours. Le rock and roll, comme les musiques "negro spiritual", est une espèce de musique à vocation érotique.

I.14

"Dans l'autre camp, debouts sur leur vaste char, attelé à des chevaux blancs, KRISHNA et ARJUNA soufflent dans leurs conques divines."

Là aussi, les symboles sont évidents. KRISHNA (le SOI) a offert le char (le corps) à ARJUNA, qu'il place sous l'égide du déva AGNI (le feu, l'énergie). Ainsi, ARJUNA peut franchir les trois mondes, céleste, terrestre et infernal, accompagné par KRISHNA. Sa victoire n'est qu'une question de temps.

I.15

"KRISHNA souffle dans sa conque, PANCAJANYA, et ARJUNA dans la sienne, DEVADATTA; BHIMA, le mangeur vorace aux exploits surhumains, fait retentir PAUNDRA, sa conque formidable."

Nous assistons au déclenchement des hostilités par la voie vibratoire.

I.16-18

"Le roi YUDHISTHIRA, fils de KUNTI, fait résonner sa conque, ANANTAVIJAYA; NAKULA et SAHADEVA soufflent dans la SUGHOSA et la MANIPUSPAKA. Le roi de KASI célèbre archer, le grand guerrier SIKHANDI, DHRSTADYUMNA, VIRATA et SATYAKI l'invincible, DRUPADA et les fils de DRAUPADI, et d'autres encore, O roi, comme les fils de SUBHADRA, tous puissamment armés, font aussi sonner leur conque."


I.19

"Le mugissement de toutes ces conques réunies devient assourdissant et, se répercutant au ciel et sur la terre, il déchire le cœur des fils de DHRTARASTRA."

Voilà que les vibrations émanées de KRISHNA ont des effets foudroyants et les conques des PANDUS provoquent des sons qui ébranlent les Kurus. Celui qui, du fond des ténèbres les plus profondes, prend refuge dans le SOI (KRISHNA), ne connaît plus la peur.

I.20

"A ce moment, O roi, assis sur son char, dont l'étendard porte l'emblème de HANUMAN, ARJUNA, le fils de PANDU, saisit son arc, prêt à décocher ses flèches, les yeux fixés sur les fils de DHRTARASTRA, puis s'adresse à HRSIKESA."

Les PANDUS sont favorisés par l'aide de RAMA, qui n'est autre qu'un aspect de KRISHNA (le maître des sens), dont les formes sont à l'infini, et dont l'emblème est porté par HANUMAN.

I.21-22 ARJUNA DIT:

"O toi, l'Infaillible, mène, je t'en prie, mon char entre les deux armées afin que je puisse voir qui est sur les lignes, qui désire combattre, qui je devrai affronter au cours de la bataille imminente".

Le corps, la matière, sont les aspects énergétiques que revêt le SOI. Soumis à la dualité, le champ de l’expérience sensorielle et sensuelle est le champ clos où s’affrontent, sans cesse, les pulsions contraires. Cheminant de vérité en vérité, la Conscience s’édifie et croît en conséquence.

Nous n’avançons pas, au sein de l’existence, d’erreurs en vérités. Une vérité peut être la perception d’une réalité transformée par notre propre subjectivité ou bien les limites de notre système sensoriel et cognitif. Prenons l’exemple de la formation d’un jugement de valeur :

a) Un événement est perçu par les sens.

b) Il est compris par l’intellect.

c) Puis, il est valorisé par l’affectivité.

d) Enfin il est révisé par l’intellect pour aboutir à une appréciation qualitative et quantitative.

Or, tout cet édifice psychique est limité aux capacités ontologiques du moment historique de l’Etre, à ses composantes neurologiques. Une vérité d’aujourd’hui sera l’erreur de demain ! Il en fut ainsi avec l’idée de la terre plate, puis ronde ; de même l’atome fut considéré comme insécable, puis sécable. Mais était-ce bien une erreur ou bien une vérité momentanée et devenue obsolète ? La notion d’erreur découle du maintien illogique d’un vérité devenue fausse par une expérience supérieure. La faute est un degré au-dessus dans l’échelle des vérités ; elle consiste à dénier l’ultime découverte contredisant les vieilles vérités, soit par conformisme béat, par intérêt, par fanatisme ou bien irresponsabilité, aliénation mentale. Il en est de même pour les « valeurs ». La dialectique de l’involution psychique pourrait se résumer de la sorte :

I) La terre est plate (vérité de l’instant).

II) La terre est ronde (nouvelle vérité – refus de l’admettre – erreur).

III) La terre est ronde, elle tourne autour du soleil, etc (encore une nouvelle vérité – refus de l’admettre – persistance dans l’erreur - faute).

Une vérité devient donc une erreur puis une faute si l’on n’y prend pas garde !

La Conscience chemine le long d’un fil rationnel du rasoir existentiel, à l’image du promeneur qui déambule le long d’une ligne imaginaire sur un beaucéant. Voulant éviter l’alternance des carrés blanc et noir, symbolisant la souffrance des contraires qui cherchent un équilibre par mutation supérieure, l’Esprit ne s’identifie jamais à la dualité qu’il transcende par l’immanence au SOI.

Allons plus loin ! Pour une chenille, le tronc d’un arbre n’est qu’un paysage de vallées et de monts dont le sous-sol est animé par de sombres séismes émanés par la sève. Que découvre la chenille dès qu’elle s’est métamorphosée en papillon ? Son autre mode d’existence mène l’insecte à une dualité différente dans la perception sensorielle de son nouvel environnement.

Encore plus loin ! Pour un individu montant vers le sommet d’une pyramide, le pan qu’il occupe constitue sa seule réalité ; les autres pentes lui sont invisibles et, par conséquent, ne s’insèrent pas dans son environnement objectif. Si nous symbolisions les arêtes pyramidales par des idéologies différentes et dogmatiques, les théoriciens et adeptes de chacune d’elles s’identifieront à la leur ; condamnant ou ignorant les voies empruntées par les autres. D’où les guerres de religion, de politique, etc. Seul celui qui atteint le sommet de la pyramide constate que toutes voies y mènent ; vers la relativisation des étapes de vie. La Vie est une en son essence et multiple en ses aspects. Où est la contradiction ? Vaste sujet ! L’évolution pourrait s’apparenter à une Contradiction permanente, vers une transcendance.

Les fanatiques qui revendiquent l’absolu de leur seule Voie peuvent devenir des Saints ! Seul celui qui domine toutes les Voies en dépassant les moyens, est un Sage. Il existe donc des Saints nazis, catholiques, protestants, islamiques, etc. Mais ils ne sont jamais des Sages. La Sagesse est l’accès à l’Universel qui est en SOI. Le manifester c’est être un Sage.

Le Sage est l’Etre qui ne s’identifie jamais à son environnement, ses idées et sa corporéité. Il sait que chaque plan, dans l’infini des modes de Vie, a son propre dualisme transcendantal, nécessaire. A enquerre !

I.23

"Que je voie ceux qui sont venus ici combattre dans l'espoir de plaire au fils malveillant de DHRTARASTRA".

KRISHNA parle avec son dévot un langage d'Amour. Il est HRSIKESA (la personne suprême). Leurs sentiments sont très purs et tendres. ARJUNA supplie KRISHNA, avec une joie calme et toute spirituelle, de bien vouloir conduire son char. ARJUNA est désespéré d'être obligé de combattre contre les siens, mais il a hâte de voir ses adversaires.

L'antagonisme entre le positif et le négatif est neutralisé par l'Amour... Qui ne l'a jamais su?

I.24 SANJAYA DIT:

"Sri KRISHNA a entendu la requête D'ARJUNA, O descendant de BHARATA, et il conduit le char splendide entre les deux armées".

ARJUNA est nommé GUDAKESA, dans ce verset, ce qui signifie "celui qui a vaincu le sommeil". Le sommeil est synonyme d'ignorance. ARJUNA a vaincu l'ignorance, sous l'amour de KRISHNA pour lui. Il a atteint le Samadhi (la conscience de KRISHNA - le SOI). KRISHNA est le maître des sens et du mental.

Notre corps est agi par l'énergie fournie par la Conscience. Il s'agit d'une réalité qui, malheureusement, échappe au commun des mortels.

Le SOI anime le CORPS à travers sa déambulation entre les contraires (les deux armées). L’abolition du dualisme par la non identification à l’Ego aboutit à la Réalisation du SOI.

I.25

"Devant BHISMA, DRONA et tous les princes de ce monde, HRSIKESA, le Seigneur, dit à ARJUNA: "Vois donc, O PARTHA, l'assemblée de tous les Kurus".

KRISHNA est le SOI résidant en chaque être. Il sait tout. Il désigne à ARJUNA tous les corps et véhicules matériels, dans l’infini cosmique, en l’attente potentielle de la Réalisation du Soi, bien qu’ils n’en soient pas encore préoccupés. Nul n’est prêt qu’à son heure !

I.26

"ARJUNA voit alors, dispersés dans les deux camps, ses pères, aïeux, précepteurs, oncles maternels, frères, fils, petits-fils et amis; avec eux, son beau-père et tous ceux qui, jadis, lui ont montré tant de bienveillance. Tous sont présents".

Tous les êtres vivants, réalisés ou pas, constituent une immense famille, sur terre et ailleurs...!

I.27

"Voyant devant lui tous ceux à qui des liens d'amitié ou de parenté l'unissent, ARJUNA, le fils de KUNTI, est saisi d'une grande compassion et s'adresse au Seigneur".

Pour le Sage, le combat est toujours un drame qu'il refuse de toutes ses forces. Il n'y a que le fou qui peut tuer sans vergogne. D'ailleurs, la psychiatrie moderne a découvert que les vrais soldats étaient des sociopathes; leur profil psychologique, pathologique, a été brossé et l'on sait, maintenant, qu'il existe des malades mentaux qui aiment la guerre pour la guerre. C'est donc à eux de se battre; entre eux évidemment...

I.28 ARJUNA DIT:

"Cher KRISHNA, de voir ainsi les miens, devant moi en lignes belliqueuses, je tremble de tous mes membres et je sens ma bouche se dessécher".

ARJUNA démontre sa qualité de Yogi par la compassion authentique qu'il porte à ses adversaires. Il a le cœur déchiré par la nature du destin qui les attend. Il voudrait l'entente et la compréhension mais cela est malheureusement impossible. Sa tendresse est infinie, comme celle de KRISHNA, mais le DHARMA transcende toujours l'ADHARMA.

Ce dernier concept est grave de conséquences didactiques. Y aurait-il un conditionnement originel en faveur du DHARMA ? En l’occurrence, il ne s’agit pas de victoire du DHARMA sur l’ADHARMA mais d’un duo qui s’apparente à un duel. Le champ illusoire du monde sensoriel donne naissance à la Réalisation du SOI.

I.29

"Tout mon corps frissonne et mes cheveux se hérissent. Mon arc, Gandiva, me tombe des mains et la peau me brûle".

Face à la mort, ARJUNA ressent la détresse. Toutefois, le DHARMA neutralise ceux qui empêchent son déroulement et c'est cette loi même qu'incarne ARJUNA. Sur le plan scientifique, DARWIN démontra que les espèces vivantes doivent s’adapter, muer ou muter, pour survivre en fonction des variations de leur environnement vital. Si elles n’y arrivent point, elles sont appelées à disparaître. L’hindouisme ne se limite pas à cette évidence car il suggère l’inéluctable possibilité, pour les recalés momentanés de l’évolution, d’un éternel retour aux conditions d’existences transcendantales. Il n’y a jamais aucune perte pour la pensée hindoue !

D’aucuns traduisent cette promesse par la notion de Réincarnation. Une forme peut sembler inutile quand elle dort ! Elle est seulement dans l’attente de son réveil, ou bien, ce qui plus fondamental, de son EVEIL. Il n’y a jamais de victoire de l’Esprit sur la Matière ; il y a mariage ontologique.

I.30

"O Kesava, je ne puis demeurer ici plus longtemps. Je ne suis plus maître de moi et mon esprit s'égare; je ne présage que des événements funestes".

ARJUNA vit une énorme angoisse, compréhensible. La victoire ne lui procurera aucune joie.

Ceux dont la victoire procure de la joie ne sont que des brutes. Aucune victoire en est une réellement. Et c'est la Sagesse. Comprenne qui pourra...! Le rétablissement de l’équilibre au sein d’un dualisme est catalyseur du DHARMA.

I.31

"Que peut apporter de bon ce combat, où sera massacrée ma propre famille? A pareil prix, O KRISHNA, comment pourrais-je encore désirer la victoire, aspirer à la royauté et aux plaisirs qu'elle procure?".

ARJUNA doute de sa mission car il faut détruire des parents et des amis, et d'autres encore qui n'ont que le tort d'être des ennemis. Son émotion lui fait oublier, un instant, la nécessité du DHARMA qui, pour les humains, est l'accès à l'état d'ISHWARA (autre nom pour désigner un Réalisé au niveau du SOI). Les adversaires sont, en la circonstance, tous ceux, parents et étrangers, qui ont œuvré contre les lois du DHARMA collectif. Ils sont voués à disparaître, obligatoirement et comme les dinosaures, s'ils ne se repentent pas de leur erreur, en s'amendant aussitôt. ARJUNA n'attend que cette repentance, mais en vain.

Tous les êtres ne constituent qu'une immense famille, dans les univers; à l'infini.

I.32-35

"O GOVINDA, que servent tant de royaumes, que sert le bonheur, à quoi bon la vie même, quand ceux pour qui nous désirons ces biens se tiennent maintenant sur le champ de bataille? O MADHUSUDANA, regarde. Toute ma famille, mes pères, fils, aïeux, oncles maternels, beaux-pères, petits-fils et beaux-frères, et mes maîtres aussi, tous prêts à sacrifier leur vie et leurs richesses, se dressent devant moi. Comment pourrais-je souhaiter leur mort, dusse je par là survivre? O toi qui maintiens tous les êtres, je ne peux me résoudre à lutter contre eux, même en échange des trois mondes, et que dire de cette terre."

Ici, ARJUNA appelle KRISHNA "GOVINDA", qui signifie "Source de plaisir pour les vaches et les sens de tous les êtres". On sait que KRISHNA possède une multitude infinie de noms qui reflètent les attributs auxquels on se réfère. La vache, animal sacré aux Indes, symbolise le monde créé et son lait, la vie. A ce propos, la majorité des occidentaux ridiculisent la vénération dont fait l’objet la Vache sacrée des Indes. Une indienne que nous avions interrogée, à ce même sujet : nous répondit :

« La Vache est comme notre Mère à nous tous. Elle nous donne son lait, de force. Alors elle est vénérée, respectée et immortelle. Car, à moins d’être fou, on ne tue pas sa Mère ! C’est pour cela que nous sommes végétariens ! Il faut respecter toutes les formes de vie. »

En occident, la cruauté atteint son comble. Après avoir exploité les vaches laitières pendant cinq années consécutives, elles sont réformées et menées à l’abattoir ! Horreur incommensurable. Entre temps, les monstres humains auront fait cuire les petits veaux dans le propre lait de leur Mère ; c’est ce que l’on appelle la blanquette de veau. N’oublions jamais les paroles suivantes :

« Tant que les hommes massacreront les bêtes, ils s’entretueront. »

PYTHAGORE

« Il y a, dans le regard des bêtes, une humilité profonde et doucement triste qui m’inspire une telle sympathie que mon âme s’ouvre comme un hospice à toutes les douleurs animales. »

Francis JAMMES

ARJUNA fait donc appel à la mansuétude de KRISHNA, pour qu'il pardonne aux adversaires du DHARMA. Il désire que KRISHNA, lui-même, détruise les sectateurs de l'ADHARMA. Il ignore que KRISHNA les a déjà tués, avant même qu'ils ne se rangent sur le champ de bataille, et que lui, ARJUNA, n'est que l'instrument du SOI. Les sentiments humains d'ARJUNA n'ont rien à voir avec la nécessité cosmique de l'accomplissement du DHARMA. De plus, si KRISHNA pardonne à qui blasphème contre lui, en revanche il ne pardonne pas à ceux qui offensent les dévots du DHARMA.

Nous retrouvons, là, une analogie avec la bible hébraïque où l'on voit Dieu pardonner à ceux qui l'offensent mais pas aux personnes qui ont porté atteinte aux dévots de la LOI (DHARMA). En d'autres termes, chacun est libre de ne pas obéir à la loi du DHARMA; toutefois il lui est totalement interdit d'empêcher autrui d'y obéir, sous peine de mort spirituelle, momentanée.

I.36

"Bien qu'ils soient nos agresseurs, si nous tuons nos amis et les fils de DHRTARASTRA, nous serons la proie du péché; un tel crime serait indigne de nous. Et de quel profit serait-il? O KRISHNA, toi l'époux de la déesse de la fortune, comment pourrions-nous être jamais heureux après avoir tué ceux de notre lignage?"

Selon les Védas, il existe six catégories d'agresseurs:

Les voleurs

Les adultères

Les meurtriers

Les usurpateurs

Les incendiaires

Les empoisonneurs.

Ces délits étaient condamnés comme des crimes susceptibles de la sentence capitale.

ARJUNA ne comprend pas encore les nécessités du DHARMA collectif, pour l'humanité.

I.37-38

"O JANARDANA, si, aveuglés par la convoitise, ces hommes ne voient aucun mal à détruire leur famille, nulle faute à se quereller avec leurs amis, pourquoi nous, qui voyons le péché, devrions-nous agir de même?"

Ce discours a une portée morale à l'égard des auditeurs de ce "Chant Epique" et qui consiste à faire comprendre que, hormis le cas précis du combat du DHARMA contre l'ADHARMA, toute forme de vie doit être préservée en une obligation cosmique. Aucun être humain n'a le droit d'ôter la vie.

ARJUNA est un "ksatriya" (guerrier) et, par conséquent, il ne peut pas refuser le combat. Cependant, il est désolé de voir qu'aucun membre de sa famille ne réalise l'issue de leur enténèbrement à tous. ARJUNA réalise qu'une obligation ne lie que dans la mesure où elle amène des résultats positifs et, doutant de lui-même, il refuse le combat.

Ici, nous avons l’évocation du détachement sensuel, comme voie vers la Réalisation intérieure.

I.39

"La destruction d'une famille entraîne l'effondrement des traditions éternelles; ses derniers représentants sombrent alors dans l'irréligion".

Faire périr les anciens, qui se doivent de transmettre la loi du DHARMA, est une faute capitale.

I.40

"Lorsque l'impiété, O KRISHNA, règne dans une famille, les femmes se corrompent et, de leur dégradation, O descendant de VRSNI, naît une progéniture indésirable."

Le VARNASRAMA-DHARMA fut conçu de manière à mener toute société humaine vers la Réalisation Spirituelle, sans tarder ni se presser ; réellement tout de même. L'adultère fut condamné avec sévérité pour des raisons sociales dont la nécessité de ne pas procréer de manière anarchique, afin d'éviter une population indésirable. Par la faute d'irresponsables, des enfants viennent au monde, malades, infirmes, débiles; ils encombrent la société sur laquelle ils pèsent. Dans une société riche, le problème est moins crucial que dans un pays pauvre... et les morales diffèrent selon l'urgence sociale. Tout est relatif.

Pour nous, issus de la culture judéo-chrétienne, ce genre de discours peut paraître dur. Certes, nous vivons dans une société développée qui possède les moyens d'assister les malades et infirmes. Mais que se passerait-il si le terrible "sida" infectait des nouveaux nés en grand nombre, par exemple? Quelles en seraient les conséquences pour l'espèce humaine?...

La réaction de l'opinion publique, sur la liberté sexuelle, s'inscrit dans la nécessité de donner un coup de frein à la licence qui aboutit, actuellement, à la propagation d'une maladie incurable et mortelle, dont les conséquences sont dramatiques pour notre société. Le sida a fait redécouvrir les bienfaits de la rétention de la libido, et du choix contrôlé des partenaires...

I.41

"L'accroissement du nombre de ces indésirables engendre pour la famille, et pour ceux qui en ont détruit les traditions, une vie d'enfer. Les ancêtres sont oubliés, on cesse de leur offrir les oblations d'eau et de nourriture".

Selon la tradition védique, il est requis d'offrir d'abord la nourriture à VISHNU (KRISHNA), puis les aliments sanctifiés par cette oblation, appelés "prasada", sont présentés aux ancêtres, les anciens et les vieux. Prasada est réputé délivrer tout homme sincèrement repenti de ses actions coupables, à condition qu'il ne les renouvelle pas, cependant... Autrement, ce serait trop simple...!

La prise en charge des vieux est naturelle chez les peuples évolués. Il n’y a que chez les peuplades primitives où l’on pouvait encore voir les vieillards abandonnés sur une banquise, par le esquimaux, ou bien dans la pampa par les indiens d’Amérique. Bien que, en occident, les anciens soient abandonnés dans les mouroirs ! L’ADHARMA y sévit donc !

I.42

"Ceux qui, par leurs actes irresponsables, brisent la tradition du lignage, ceux-là provoquent l'abandon des principes grâce auxquels prospérité et harmonie règnent au sein de la famille et de la nation".

La loi du DHARMA édicte des règles de conduite qui sont propres à mener l'humanité vers son destin solaire. Elle régit la famille et la société, de manière fondamentale.

Si les rois ou chefs d'état brisent ces traditions, alors les sociétés oublient le destin de l'humanité (KRISHNA), le SOI. C'est le chaos.

I.43

"Je le tiens de source autorisée, O KRISHNA; ceux qui détruisent les traditions familiales vivent à jamais en enfer".

ARJUNA énonce des constats qui remontent aux anciens. La connaissance est transmise par l'aide d'un Maître véritable. L’enfer est sur la terre quand les lois de l’équilibre et de la justice sont trahies.

I.44

"Hélas, par soif des plaisirs de la royauté, n'est-il pas étrange que nous nous apprêtions maintenant à commettre de si grands crimes?"

Au temps de la royauté, il n'était pas rare que les enfants tuent leur père pour en hériter; les frères se tuaient entre eux, neveux, cousins, époux, etc... L'histoire de tous les peuples relate des assassinats de ce genre. ARJUNA n'entre pas dans la catégorie de ces "diables rouges" mais, au contraire, il condamne de telles actions.

I.45

"Mieux vaut mourir de la main des fils de DHRTARASTRA, sans armes et sans faire de résistance, que de lutter contre eux".

Ce discours démontre, on ne peut mieux et s'il le fallait encore, l'immense grandeur d'âme d'ARJUNA qui se refuse à admettre le combat. C'est le signe d'un amour noble, d'une compassion infinie, d'une aristocratie du cœur et de la pensée qui le place au-dessus de la mêlée. Son Amour pour KRISHNA autorise sa peine.

I.46 SANJAYA DIT:

"Ayant ainsi parlé sur le champ de bataille, ARJUNA laisse choir son arc et ses flèches; il s'assoit sur son char, accablé de douleur".

ARJUNA a réussi toutes les épreuves initiatiques car il a démontré sa capacité intrinsèque à ne pas obéir à des instincts belliqueux. Bien que protégé par KRISHNA, il ne veut pas combattre ses ennemis, tout en sachant qu'il en sera vainqueur.

ARJUNA est placé au-dessus de tous les hommes car il est prêt, par une disposition intérieure, particulière, à réaliser le SOI, la connaissance spirituelle.

CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE

Le champ de bataille où s'affrontent les PANDUS et les KURUS, reflète la dualité de toute forme d'existence. Chaque combattant symbolise l'une des forces en présence dans l'univers.

Le DHARMA est la nature même de toute la création; l'ADHARMA est la force contraire qui cristallise et freine l'évolution, tout changement.

ARJUNA entre dans le conflit, après avoir choisi de servir KRISHNA. Nécessité obligeant, tout Yogi est en lutte contre les forces adverses qui empêchent l'humanité de progresser et d'avancer vers la Lumière. Tout Yogi est donc un guerrier.

Chaque Sadhak (cherchant, souffrant et persévérant) connaît, un jour, le combat d'ARJUNA et vit ses expériences. Dés que l'homme se tourne vers la lumière, il provoque la réaction opposée des ténèbres, qui sera matérialisée par des oppositions multiformes; ce sont des amis, relations, parents qui considèrent l'existence différemment et n'acceptent pas le changement et l'impermanence de leurs convictions. Ils sont donc forcés à déclarer la guerre, attitude incompréhensible pour les profanes, sous peine de convenir de leur erreur, ce qu'ils ne désirent pas...!

Il existe des personnes attachées à l'ordre établi d'une dictature, politique ou religieuse, et qui n'en démordent pas. Elles sont prêtes à utiliser tous les coups bas et sordides afin de démolir le "Yogi"... Il existe même des plans démoniaques, en astral, qui servent les tenants de l'obscurantisme et de l'intolérance.

ARJUNA s'adresse à KRISHNA (le SOI) pour lui demander d'être son conducteur. L'oblation de l'ego au SOI, est la Vérité. KRISHNA répond aussitôt à ses dévots.

KRISHNA (le SOI), le conducteur du char (le corps), avec ses chevaux (le mental), conduit chacun vers son propre SOI et les tendances secrètes qui s'y rapportent, vers les pulsions inférieures aussi. Avec la protection de KRISHNA, tout Yogi pourra affronter "amis" (ennemis...), parents hostiles, sans peine aucune. Mais il devra être prudent à l'égard de ses propres pensées, en agissant avec la prudence d'ARJUNA envers les siens.

Tout Yogi rencontre le découragement, pour des raisons multiples, à l'instar d'ARJUNA. La bataille se déroule aussi à l'intérieur de nous-mêmes, entre deux tendances opposées, et l'impulsion peut se produire de tout abandonner. Certains, effectivement, abandonnent la sadhana (l’ascèse, la discipline du corps et de l’esprit), pour la poursuivre dans des vies futures tandis que d'autres, comme ARJUNA, écoutent la voix silencieuse de KRISHNA et combattent victorieusement.

Il existe deux catégories d'êtres humains:

Les faibles qui se vautrent dans la fange des croyances et ignorent la Vérité, le SOI.

 Les forts (ksatriyas) qui combattent contre leur enfer intérieur, afin de réaliser le SOI (KRISHNA).

Ce premier chapitre est fondamental à comprendre. Le méconnaître, pour ensuite lire la suite, serait catastrophique. La BHAGAWAT GEETA est le livre du "Grand mystère" de la création et de la vie. Ce problème est à résoudre, pour soi même et par soi même. C'est pour cette raison que VYASADÉVA, à qui l'on attribue ce poème épique, plaça au début ce conflit dans lequel les deux principes maîtres sont ARJUNA et KRISHNA (shakti et atman).

La Bhagawat Geeta a une suite méconnue, l'ouvrage intitulé Anu Geeta où nous découvrons ARJUNA en train de marcher avec KRISHNA dans le palais de Maya (l'illusion du monde manifesté). Dans ce texte, la bataille est terminée et ARJUNA demande à KRISHNA de lui rappeler ses enseignements, prodigués auparavant, dans la Bhagawat Geeta. KRISHNA, le Guerrier des guerriers, accède à sa requête.

Le palais de Maya est notre corps édifié par le désir. Tous les conseils dispensés dans ce poème proviennent de nos précédentes réincarnations, des leçons apprises au sein de la Matière (qui n’est que de l’Energie Universelle coagulée).

Le premier chapitre se termine sur l'abîme du découragement, que tout Yogi rencontre au cours de sa sadhana. Mais cet abîme est derrière nous... car toute la création, tôt ou tard, doit obéir à la loi du DHARMA, librement acceptée et consentie comme tremplin vers une étape évolutive, supérieure. Concept lourd de conséquences et à bien retenir pour la suite.

Tout Yogi véritable sait que son combat pour la quête de la Vérité, aura son prix, prêt à aller partout où elle le mènera, même à la mort. Ainsi s'expliquent les mythes universels comme la destruction des mondes, le combat de KRISHNA contre RAVANA (le dieu démon) et celui de DURGA contre les démons.

La lutte du DHARMA contre l'ADHARMA, symbolisée par la guerre des PANDUS contre les KURUS, a toujours eu lieu et aura toujours lieu, dans les mondes actuels et futurs.

Car:

"Et lorsque le grand Roi de gloire vit le trésor céleste de la roue, il l'aspergea d'eau et dit: "Roule en avant, O mon seigneur la roue, O mon seigneur, va de l'avant et triomphe."