dimanche 16 septembre 2012

Ce soir à Samarkand



CE SOIR À SAMARKAND


L’Homme est-il libre ou déterminé, dés la naissance ? Redoutable dilemme sur lequel quantité de Philosophes se sont penchés depuis des siècles.

Selon les dires d’un Sage indien, Sri RHAMANA MAHARICHI :

 « Ce qui doit arriver arrivera, quels que soient les efforts que vous ferez pour l’éviter. Ce qui ne doit pas arriver, n’arrivera pas, quels que soient les efforts que vous fassiez pour que cela se produise. »

DESCARTES avait cru nécessaire d’attribuer, à l’Homme, un libre arbitre et d’en faire une faculté indépendante parce qu’il se sentait libre. Cependant ce sentiment de liberté est factice ; il est pure illusion. Certes, tout un chacun est libre de se déplacer sur la Terre mais, en réalité, il tourne en rond ; notre planète se déplace dans l’Univers sans que nous nous en rendions compte, tel un vaisseau spatial. Son immobilité n’est qu’apparente, d’autant plus qu’elle tourne, sur elle-même, aussi. Un oiseau, volant du haut des cieux, pense être libre mais il ne l’est point car il est tributaire des vents et d’un environnement contingent.


Les causes de nos actions, de celles d’autrui sur nous et l’environnement, nous échappent à la réflexion profonde. Nous n’avons pas un réel contrôle de notre existence. Jacques DEVAL avait brossé un tableau drastique de la problématique avec sa pièce de théâtre « Ce soir à Samarkand ».


« Il y avait, une fois, à Bagdad un Calife et son Vizir. Le Calife l’avait envoyé au marché pour lui acheter un coffret dont on lui avait vanté la beauté. Mais, peu après, le Vizir revint pâle et tremblant. Il se jeta aux pieds de son Maître : « Pardonnez-moi, lui dit-il, mais j’ai dû quitter précipitamment le marché, car une femme m’a heurté dans la foule. Je me suis retourné et cette personne, au visage impassible, à la voix grave et aux cheveux sombres, serrés dans une écharpe rouge, c’était la Mort. En me voyant, elle a fait un grand geste vers moi. Puisque la Mort me cherche, si vous m’aimez Seigneur, prêtez-moi votre cheval le plus rapide et j’irai me cacher loin d’ici, à Samarkand ».


« Le Calife prêta son propre coursier au fidèle serviteur qui disparut vers sa destination.


Puis le Calife se rendit, lui-même, au marché et rencontra la Mort. « Pourquoi as-tu effrayé mon Vizir qui est jeune, bien portant, lui demanda-t-il ? La Mort lui répondit : « Je n’ai pas voulu l’effrayer mais, en le découvrant à Bagdad, j’ai eu un geste de surprise, car je l’attends, ce soir, à Samarkand ».


La notion de déterminisme impliquerait-elle, comme corollaire, une fatalité absolue ?


Si l’on en croit la tradition indoue, chaque partie du Vivant est l’enfant de ses œuvres ; chaque sentiment, pensée, action et émotion engendreraient un train de conséquences à l’infini et traduit, sémantiquement, par le vocable « Karma ». Nous hériterions donc des contingences découlant de nos existences passées dont les séquelles seraient rétribuées, à la manière d’un boomerang, de manière immédiate ou différée, dans les vies présentes et futures. Le Vivant serait, par conséquent, à la fois libre et déterminé.


Tout Être humain naît dans une région du globe terrestre, sans choix apparent. Il en est de même pour son milieu familial, de ses tendances ontologiques, son état de santé originel, la couleur de ses yeux son apparence générale, son degré d’intelligence. Il est soumis au sommeil, la maladie, aux rythmes biologiques dont ceux de la libido. Son karma sera, aussi, lié à celui de ses Géniteurs et proches, son groupe social, la cité, le pays et l’humanité tout entière.


Vaste problème donc et que situe bien le constat : « Nous faisons, librement, ce que fatalement nous devions faire » ; jusqu'au soir final, de notre vie, à Samarkand.

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