mardi 12 mars 2013

Les contes de la Mère l'Oie

    

Felix qui potuit rerum cognoscere causas.
     


LES CONTES DE LA MÈRE L’OIE
(LES DERNIERS ET VRAIS REBOUTEUX DISPARAISSENT)

Avec l’invasion culturelle, d’origine étrangère, toutes les spécificités liées aux terroirs ont disparu, disparaissent. Relevant des vestiges de traditions celtiques et druidiques, du passé, les anciennes Traditions se perdent définitivement et à jamais ; les facultés mystérieuses des anciens Rebouteux sont de celles-là. La France s’évanouit, comme un grand chêne que l’on abat.

Le grand poète et Écrivain Jean GIONO naquit à Manosque, le 30 mars 1895 ; il mourut dans la nuit du 8 au 9 0ctobre 1970 ; auteur de très nombreux ouvrages, dont « Le chant du monde », nous lui emprunterons le passage sur l’action thérapeutique du Guérisseur Toussaint :

« …Défaites son gilet, dit Toussaint, relevez sa chemise ».

« …[La peau apparut toute jaune avec des auréoles bleuâtres vers le ventre]… [Doucement, la main de Toussaint vint se poser sur la mauvaise fleur du ventre. Il attendit. Il était vide de vie et force ; tout était entassé dans sa main, tout :ses yeux, oreilles, nerfs et une sorte de sensibilité étrange, matérielle qui poussait sous sa main comme la chevelure des racines sous la touffe d’herbe, et il la sentait descendre dans le corps du malade. »]

« …[Le mystérieux c’était cette respiration de géant et ce pauvre corps à peine comme un soufflet, sans graisse ni rien à nourrir…] [Les minces racines sensibles de la main descendaient dans l’ombre pourpre du vieillard. Elles touchaient le foie. Voilà le foie : tout le tour. Un peu grumeleux. Encore souple, un peu jutant. Elles remontaient le long de la peau, vers les côtes. Le cœur ! Comme un crapaud couché dans les feuillages de sang, Elles en faisaient le tour. Il sautait, Il s’échappait. La pointe se mit à frapper de grands coups dans l’arbre des veines. Les poumons, l’énorme lumière des poumons. Pour qui cette énorme lumière ? La chevelure sensible des racines descendit vers le ventre, emportée par le torrent ruisselant de l’air. Le ventre ! »]

« [Brusquement Toussaint sentit, dans sa main, un choc sourd. Plus rien. Sa force sensible venait d’être coupée au ras de sa peau. Ce n’était plus qu’une main sèche, inutile, pareille à toutes les mains. La mort !Il venait de toucher la mort au fond du vieillard.] »

« [Elle était là, au fond du ventre, avec son épaisse couronne de violettes, son front d’os, sa bouche sèche assoiffée d’air. L’ordre ! ]»

«[Habillez-le, dit Toussaint.] »

« [Pendant qu’on l’emportait, l’homme ouvrit encore une fois les yeux et il regarda le visage des vivants de ce regard terrible dont tout le monde se détournait.] »

« [Toussaint s’approcha de la fenêtre. C’était le long crépuscule d’hiver. Le soleil s’écroulait dans l’Ouest. La mort, dit-il entre ses lèvres. Il se sentait enfin paisible et clair »].

« [Bonne mort heureusement inévitable »].

(Fin de citation)

Avec un style parfait, une syntaxe juste, Jean GIONO donne des leçons d’écriture à toutes les jeunes générations qui se moquent de l’Art de bien écrire, en un déni du talent de nos Anciens ; pourtant, la sentence du Philosophe est toujours d’actualité : « Ce qui se conçoit bien s’exprime clairement et les mots pour le dire viennent aisément ». La volonté des Politiques est la déculturation au profit du sport, du sexe et des armes ; la pensée est enchaînée, de nouveau, par les dictatures larvées. L’intelligence du cœur disparaît, elle aussi. Jean GIONO, s’il revenait de nos jours, mourrait une seconde fois.

A la lecture de l’ouvrage tout entier il s’avère que la clef ultime du « don » de guérison, par le magnétisme humain, naît du Cœur. Sans faculté naturelle d’ « Aimer » de manière universelle, tout le Vivant, en condamnant toute forme de violence, même celle légale par les Armes d’État, aucune faculté de ce genre n’est possible ; de plus elle est innée. Chez les Gitans, guérisseurs, cette réalité a la force de l’évidence. Comment procède l’Art thérapeutique des Rebouteux ?

1°) L’action magnétique.

La perception, instantanée et intuitive, de la souffrance et la maladie, chez les Êtres vivants provient de l’aptitude immédiate, du Cœur, à fusionner naturellement avec chacune de leurs parties. Un véritable Rebouteux, doué de la faculté innée d’infuser de son énergie vitale, un Homme, un Animal et une Plante, est capable de deviner la vraie Nature, la mentalité, le tempérament, le caractère, le degré de nocivité chez toute Personne devant lui. En un instant, il « sait » tout. Ne jugeant jamais, armé de la plus grande compassion pour la Souffrance universelle, il a accès à l’inépuisable réservoir d’Énergie cosmique et tellurique, normalement et sans effort ; en conséquence directe, il peut réanimer un organe malade ou défaillant, par l’imposition de ses mains, si l’heure fatidique de la mort n’a point sonné.

Lorsque les mains sont promenées, à distance (il n’est point utile de toucher le corps), on ressent des chocs électriques dans la paume à proximité d’un organe malade ; un appel d’énergie magnétique est immédiat, la paume chauffe. La chaleur disparaît dès que la recharge est finie. Si une impression de froid est ressentie, alors le problème est plus grave.

Les mêmes phénomènes se produisent à l’égard des animaux. Ainsi une chatte s’approchait de moi (j’étais assis dans un jardin), squelettique et malade psychiquement ; je la ressentais telle. Spontanément, elle sauta sur mes genoux, s’étendit, ferma les yeux. Je la magnétisais en passant une main sur sa peau tout en souhaitant sa guérison globale. Au bout de quelques minutes, ayant complètement régressé au stade de l’enfance, elle se mit à baver. Continuant mon action magnétique, elle se relevait d’un coup, se secouait comme si elle avait essuyé la pluie, sauta à terre et disparut, guérie parfaitement. Une femme, vraisemblablement perturbée dans sa libido, prononça : « Cette chatte est une vicieuse… » ! Restant silencieux, je pensais qu’elle aurait dû savoir que le « vice » était une notion humaine ; pas animale !

2°) La vision par le 3° œil.

L’étonnante propriété du Cœur à l’ « identification » avec le Vivant a, pour corollaire, l’ouverture d’un centre nerveux, situé dans la zone frontale du cerveau : le 3° œil. Son ouverture se réalise naturellement et sans intervention extérieure. Les conséquences sont surprenantes :

- Assis devant une jeune fille dans la même position, sur un tapis de méditation, les yeux fermés je « vois » une forme noire sur sa droite et de face. Je sais, intuitivement, qu’elle va mourir et je l’ « entends » penser qu’elle s’est cru forcée de venir, sur les instances de son amie, présente elle aussi. J’ouvre les yeux et je lui dis cela. Elle acquiesce, étonnée que je le découvre ; Questionnée sur une éventuelle maladie, elle avoue une leucémie au stade terminal. Cette jeune fille mourut 2 mois après.

- Debout, face à une Collègue de travail, je « vois » un décalage de son « aura » vers son sein droit, descendant vers le bas de son ventre. Je la questionne sur son état de santé et j’apprends qu’elle a un cancer du sein droit. Je devine qu’elle va mourir peu de temps après. 6 mois plus tard, elle disparaît.

3°) La télépathie.

La communication avec les animaux est d’une surprenante facilité. Ainsi, il m’est arrivé, maintes et maintes fois, d’appeler mentalement des chiens attachés à leurs maîtres ; ils les quittaient pour me suivre, à l’incompréhension de ces derniers.

Pour ne pas conclure

La déshumanisation de l’Humain, au profit de l’Argent, du Sexe, de la Guerre et de la Violence, aboutit à la disparition des « charismes » naturels qui étaient l’apanage de nos Anciens. Ces derniers ont disparu, disparaissent en ce qui concerne les derniers, pour laisser la place à des Dinosaures.

mardi 19 février 2013

Je te le dis...



JE TE LE DIS


Je te le dis...

L’Amour, la Connaissance disparaissent
Lorsque l’esprit et le cœur sont en cendres.
Il y a des temps qui s’appellent
Temps pour la naissance
Temps pour la vie
Temps pour la mort.

Que disent les lacs froids et immobiles
Dans la forêt lointaine.
Là où dorment les arbres que la bise futile
Voile du blanc manteau que la neige déchaîne.

Ainsi les pensées, que pourrit l’hiver,
Meurent à la terre de l’oubli pour mieux renaître.
La vie marcotte sur le terreau du passé.
Déjà la glèbe bout du ferment surréel
Que les augures annoncent à la manière de Noé.

Le printemps est comme la feuille délicate,
Qu’agite le souffle d’Hécate,
Prélude de l’effervescence vitale,
Lourde du poids de l’amour qui naît comme un cristal.

Si la peur de te perdre
Étreint ton âme
Alors, O mon Ami, l’été des passions
Va te prendre dans les ténèbres
De la nuit qui vient.

De l’ignorance, l’automne flétrit la vénéneuse parure,
Quand les pétales de l’intolérance cruelle,
Chutent sur le sol de la pourriture,
Aliment de la vérité éternelle.

Je te le dis, O Ami,
Tant que tu n’accouches pas de toi,
Ton indigence est ton lot.
Tu parcourras le monde comme un étranger
Qui court après l’ombre de sa vie.

lundi 18 février 2013

La mort du lapin



LA MORT DU LAPIN
(Toussaint 1981)

"Tant que les hommes massacreront les bêtes, ils s’entretueront."


PYTHAGORE


"Il y a, dans le regard des bêtes, une humilité profonde et doucement triste qui m’inspire une telle sympathie que mon âme s’ouvre comme un hospice à toutes les douleurs animales."


Francis JAMMES


« Mon frère arrive », grince la femme dans la cuisine;
« Il va tuer le lapin »!

Des pas retentissent, lourds et pesants,
Dans la cour.

Un grognement d’homme:

« Ah ! Le voilà » !

Chant 1

« Lapin, je te connaissais bien.
Tu m’avais apprivoisé.
J’étais donc responsable de toi.
Chaque jour tu t’approchais davantage de moi. »

Des cris minuscules, révoltés, jaillissent,
Dans le grand silence.
Le temps s’arrête.
La femme est partie vers son frère.

Chant 2

« Lapin, tu m’aimais chaque jour davantage.
Je lisais une petite lumière qui s’allumait, brillait
Dans ton regard. »

J’écoute l’inéluctable, tendu,
L’âme aux abois.

Chant 3

« Non, lapin, ne te laisse pas tuer.
Prends de ma force, prends-la !
Lapin, tu grandissais sans cesse.
Une présence t’emplissait au fond,
Au tréfonds de toi. »

Le bourreau n’arrive pas à faire son sinistre travail.

Le lapin devient démon.

« Ah! Il ne se laisse pas faire », grince la femme.
« Je ne comprends pas ; d’habitude il est si gentil » !
« Mais que se passe-t-il donc » ?

Chant 4

« Lapin, écoute-moi.
Je suis avec toi ; venge-toi !
Mais je te sens là.
Tu n’es plus seul, seul. »

Il est mort.
Un grand silence noir chute.
Souffrance inouïe.
Glas inaudible de l’instant qui meurt.
Dépouille clouée sur une poutre.
Misérable croix de chair écartelée, pantelante.
Communion dans l’horreur.
Ma pensée déchirée.

Chant 5

« Que le sang du bourreau serve l’holocauste! »

Force pensée.

« Aïe ! J’ai mal », lance l’homme qui s’est entaillé le doigt jusqu’à l’os.
Le sang de l’homme coule aussi,
Source rouge de la vie,
Se mêlant à celle du lapin.

Mélange eucharistique.
Osmose alchimique.
J’ai peur de ma pensée.
Alors j’ai soigné ce doigt ridicule,
Niais.

Et l’immense silence rédempteur,
Blanc,
Tombal,
Tomba.

vendredi 8 février 2013

Ni noire, ni blanche...


NI NOIRE, NI BLANCHE...!


"Une note de musique, blanche, vaut deux noires, le masculin l'emporte sur le féminin, le jour sur la nuit et la Vierge Marie sur la Vierge Sarah...! Pourquoi? Sans importance puisque, depuis le fonds des âges, l'homme a toujours raisonné en termes duels. Cependant, ce n'est pas une raison pour que cela dure éternellement... Ah!"

C'est ainsi que pensait la jeune fille brune comme la nuit naissante et aux yeux couleur de braise, debout face à la statue de la Vierge noire, en bois vieilli avec l'âge, petite dans sa crypte et croulant sous les tissus les plus divers. ISIS, la déesse noire toujours voilée, compagne d'OSIRIS le dieu solaire dont elle porte l'enfant HORUS, était cachée dans l'église des Saintes Maries de la Mer (France), toute auréolée par le jeu des lumières de chandelles allumées, mais comme exilée.

Derrière la jeune femme, se devinaient des dévots marmonnant et qui venaient enflammer des cierges à souhaits. Une chaleur torride irradiait son dos et provenait de la fournaise. Une odeur de cire brûlée, mêlée à de vagues relents d'encens et de myrrhe, donnait une tonalité sirupeuse à une ambiance lourde à couper au ciseau. Elle décida alors d'aller dans la grande nef.

L'air y était différent. Autant la crypte était sombre et étroite, que la nef affichait la clarté et l'espace. Les vitraux réfractaient le soleil en rais multicolores. Des cariatides immenses représentaient des saints; plus loin, il y avait la croix du Christ, sur l'autel luxueux et ployant sous le velours, le lin et la soie dorée. Enfin, elle découvrit la statue de la Vierge Marie, la blanche.

Elle la regardait, découvrant la couronne d'étoiles autour de sa tête, ses yeux bleus et ses cheveux d'or pur. Vêtue d'une résille blanche, Marie était ceinte d'une écharpe bleue. Magistrale sur son socle, elle tenait l'enfant roi dans ses bras.

La jeune fille pensait, pensait!

"Que signifie cette différence entre deux statues de la Vierge? Pourquoi une noire et une blanche et non pas une rouge, verte, bleue violette..., de toutes les couleurs du spectre solaire?"

"Une couleur, qu'est-ce que c'est? Oui, d'accord, la science explique la nature des vibrations infinies que nous percevons avec nos sens limités... et nos appareils de détection qui le sont un peu moins! Seulement, cela ne me satisfait pas. J'en ai le droit, non ?"

"La science, la science! Elle ne sait pas tout; heureusement d'ailleurs. Il n'y a qu'à voir l'usage qu'en font les hommes... Edifiant, n'est-ce pas? Bon."

Elle secoua sa longue chevelure et décida de s'asseoir sur le banc de prière, tout à côté. Après avoir étendu ses jambes et croisé ses mains, elle se perdit dans la rêverie.

"La statue est blanche car je la perçois comme telle, mais à l'intérieur, quelle est sa couleur? Ah!"

"A l'extérieur, elle est bien de cette couleur comme les gens qui manifestent une certaine façade honnête et vertueuse alors qu'ils sont parfois corrompus à l'intérieur d'eux-mêmes. Cette statue, serait-elle noire à l'intérieur?"

"C'est grave, car je tiens un langage subversif; si ma concierge le savait..., je serais sûrement habillée pour l'hiver."

"Non, pas de morale."

Elle se morigéna pour cette faiblesse. Certes, la majorité des personnes, si elles savent nager, ne savent pas plonger néanmoins. Autrement dit, elles ne vont jamais au fond des choses, à l'intérieur des êtres. Ce n'est pas une raison pour se croire supérieure à elles. Elle fit aussitôt son autocritique, muette mais sans concession.

"Revenons à la statue. Si elle est blanche c'est parce qu'elle absorbe toutes les couleurs du spectre solaire, sauf le blanc qu'elle rejette. Ouh! Qui m'en a soufflé l'idée?"

Elle tourna la tête mais ne vit personne à côté d'elle. Elle continua:

"Cette idée, d'autres l'ont sûrement eue avant moi! C'est sûr et certain. Cela n'enlève rien à sa valeur ni y ajoute. Je constate et c'est tout."

"Par conséquent, et si je ne déraisonne pas, la couleur blanche de la Vierge Marie désigne... ce qu'elle n'est pas! En réalité elle est le contraire à son intérieur, c'est à dire noire. Est-ce grave?"

La jeune femme s'agita sur son banc et se leva pour retourner, lentement, vers la crypte où se trouvait la Vierge noire. Elle s'assit devant la statue et reprit ses réflexions.

"Pauvre Vierge noire, pourquoi a-t-on fait de toi une petite statue, minuscule par rapport à l'immense Vierge blanche? Pourtant tu es comme l'autre, pareille. Mieux peut-être et je vais te confier mes raisons. Chut! C'est entre nous deux et tu en garderas le secret. D'accord?"

Elle se surprit à la tutoyer et en fut tout étonnée. Elle lui parlait comme à une grande amie qu'elle voulait consoler de l'ignorance des hommes. Ces hommes qui ont toujours cru tout savoir et voulu imposer aux femmes (les véritables initiatrices du monde), leur pseudo supériorité.

"Oui, écoutes-moi Oh ISIS. Tu as raison de garder ton voile noir sur le visage et de ne le découvrir qu'à tes Amants... de Vérité. Tu es noire à l'extérieur, mais blanche à l'intérieur. Tu parais la couleur que tu n'es pas, en vérité. En toi se trouvent toutes les couleurs du spectre solaire et tu les rayonnes à l'intérieur. Les humains, aveuglés par ta lumière, ont perdu la vue et sont tombés dans les ténèbres de l'ignorance. C'est pour cette raison qu'ils te perçoivent noire. Les hommes sont bêtes."

Un flot d'amour courut de la jeune fille aux yeux couleur d'orage et dont les abysses s'ouvraient sur des étoiles flamboyantes, vers la Vierge noire; alors le temps se ferma et engloutit l'espace.

La déesse ISIS s'anima, grandit et absorba la crypte pour emporter la jeune fille dans un instant d'éternité. Aussitôt la voix de la Sagesse éternelle résonna en notes de feu.

"Écoutes, ma fille. Le blanc et le noir, c'est pareil, tu sais. La statue blanche et l'autre noire que tu as vues sont identiques. L'extérieur et l'intérieur, le pour ceci et le contre cela, le vide et le plein, l'infini et le fini, tout cela n'est que la manifestation duelle d'une seule et même réalité: le SOI."

"Écoutes encore, ma fille. Tu es mon fils, tu es ma fille! Tu es les deux, mâle et femelle à la fois quand tu deviens le SOI. Tu es Elle, la blanche, et tu es Elle, la noire. As-tu compris?"

Dans un éclatement de tonnerre le temps se rouvrit et l'espace rejaillit. La jeune femme "atterrit" dans la crypte et retrouva la Vierge Noire, comme une gemme dans un écrin de lumière.

Elle vibrait de toutes ses cellules, d'une énergie inconnue, apocalyptique. Elle entendait une symphonie fantastique qui lui murmurait:

"Ni noire, ni blanche; alors tu ES!"


lundi 14 janvier 2013

Sur le lac





SUR LE LAC



L’esquif glisse, sous la voile dressée
Au mat; le couchant voit mourir son Dieu pâle.
Sur la lagune calme, un doux souffle a caressé
Sa nappe d’opale.


L’homme ne laisse aucune trace sur la terre de sa souffrance
Ni dans le ciel de son espérance.
Sueur, sang et larmes se dissolvent dans la fournaise du temps.
Le navire de sa vie ne navigue pas longtemps.


Derrière le sillage éphémère de la poupe, loin de la terre,
Se dessine le destin de l’Être
Dont l’empreinte fuit, s’enfuit
Dans le gouffre du mystère.


Silence de l’amour. Savoure ta paix.
L’âme s’enivre au soleil d’or.
Car, là-bas, un lointain message
Te dit que le dessein inconnu s’avère de toute éternité.

samedi 5 janvier 2013

Le cheval des mers


LE CHEVAL DES MERS


L’optimiste regarde la rose et ne voit pas les épines; le pessimiste regarde les épines et ne voit pas la rose.

Maxime arabe

Quand le navigateur n’en finit pas de bourlinguer sur la mer de douleur.
Quand les tempêtes succèdent aux tornades sur une terre d’horreur.
Quand les noirs aquilons, fourbis par le terrible septentrion, gèlent les cœurs.
Quand les coups de sirocco, vomis par le désert de la vie, dessèchent, flétrissent la fleur des jours et des heures.
Alors le port de la mort lentement s’approche, ultime repos du souffrant.
  
Que cherche-t-il, l’Homme avec son corps plein de lassitude ? 
Que voit le bout de sa persévérance et de sa lutte ?
Que désire la souffrance qui le chahute ?
Que pleure son cœur que broie la brute ?
La voix du silence, seule, lui répond.

Et lorsque, par quelque miracle accordé d’une Olympe surréelle, une lumière couleur d’aurore, poind.
Et lorsque des yeux jettent les flammes de la vérité pure qui l’oint.
Et lorsqu’une vibration cosmique embrase l’Être de son pourpoint.
Et lorsque, jeté dans le tourbillon cosmique des origines, mal en point,
La mer et le port sont unis en une fusion céleste, salvatrice, cosmique clavecin.
 
Alors, finies les aubes qui étaient crépuscules.
Alors, le vent n’est plus tempête qui hurle.
Alors, le feu n’est plus incendie qui brûle.
Alors, le temps n’est plus.
 
Instant d’éternité, où l’on meurt.
Où l’on renaît !



vendredi 4 janvier 2013

Derrière la cage




DERRIÈRE LA CAGE


Barreaux fermés sur le silence,
D’animaux en démence.
Automates en rupture de savane,
Scène misérable où l’homme se pavane.
 
Le singe, d’une main timide,
Frappe le carreau de sa cage humide.
Espoir vain, aucun geste secourable,
Inconscience de l’âme coupable.
 
L’éléphant, montagne oscillante,
Penche d’une patte à l’autre,
Pitoyable bascule hallucinante,
D’une existence finie en lambeaux.
  
L’ours, mécanique déboussolée,
Jette sa tête contre le mur invisible,
Du méprisant plaisir de spectateurs bovidés,
Devant l’animal pantelant d’un mal indicible.
 
Aigle de l’infortune,
Nostalgique de l’astre de feu,
Gorgé d’amertume,
Sonde désespérément le ciel cendreux.

Immonde spectacle de déchéance de la vie,
Fosse nauséeuse que l’homme côtoie, hilare,
Cage fermée sur la folie,
De l’humanité barbare.
   
Bêtise joyeuse,
Cruauté perverse,
Conscience boueuse,
Cœur malvers.
 
Hommes bêtes,
Bêtes foudroyées,
De l’humanité la fin,
L’animal sonne le tocsin.