lundi 14 janvier 2013

Sur le lac





SUR LE LAC



L’esquif glisse, sous la voile dressée
Au mat; le couchant voit mourir son Dieu pâle.
Sur la lagune calme, un doux souffle a caressé
Sa nappe d’opale.


L’homme ne laisse aucune trace sur la terre de sa souffrance
Ni dans le ciel de son espérance.
Sueur, sang et larmes se dissolvent dans la fournaise du temps.
Le navire de sa vie ne navigue pas longtemps.


Derrière le sillage éphémère de la poupe, loin de la terre,
Se dessine le destin de l’Être
Dont l’empreinte fuit, s’enfuit
Dans le gouffre du mystère.


Silence de l’amour. Savoure ta paix.
L’âme s’enivre au soleil d’or.
Car, là-bas, un lointain message
Te dit que le dessein inconnu s’avère de toute éternité.

samedi 5 janvier 2013

Le cheval des mers


LE CHEVAL DES MERS


L’optimiste regarde la rose et ne voit pas les épines; le pessimiste regarde les épines et ne voit pas la rose.

Maxime arabe

Quand le navigateur n’en finit pas de bourlinguer sur la mer de douleur.
Quand les tempêtes succèdent aux tornades sur une terre d’horreur.
Quand les noirs aquilons, fourbis par le terrible septentrion, gèlent les cœurs.
Quand les coups de sirocco, vomis par le désert de la vie, dessèchent, flétrissent la fleur des jours et des heures.
Alors le port de la mort lentement s’approche, ultime repos du souffrant.
  
Que cherche-t-il, l’Homme avec son corps plein de lassitude ? 
Que voit le bout de sa persévérance et de sa lutte ?
Que désire la souffrance qui le chahute ?
Que pleure son cœur que broie la brute ?
La voix du silence, seule, lui répond.

Et lorsque, par quelque miracle accordé d’une Olympe surréelle, une lumière couleur d’aurore, poind.
Et lorsque des yeux jettent les flammes de la vérité pure qui l’oint.
Et lorsqu’une vibration cosmique embrase l’Être de son pourpoint.
Et lorsque, jeté dans le tourbillon cosmique des origines, mal en point,
La mer et le port sont unis en une fusion céleste, salvatrice, cosmique clavecin.
 
Alors, finies les aubes qui étaient crépuscules.
Alors, le vent n’est plus tempête qui hurle.
Alors, le feu n’est plus incendie qui brûle.
Alors, le temps n’est plus.
 
Instant d’éternité, où l’on meurt.
Où l’on renaît !



vendredi 4 janvier 2013

Derrière la cage




DERRIÈRE LA CAGE


Barreaux fermés sur le silence,
D’animaux en démence.
Automates en rupture de savane,
Scène misérable où l’homme se pavane.
 
Le singe, d’une main timide,
Frappe le carreau de sa cage humide.
Espoir vain, aucun geste secourable,
Inconscience de l’âme coupable.
 
L’éléphant, montagne oscillante,
Penche d’une patte à l’autre,
Pitoyable bascule hallucinante,
D’une existence finie en lambeaux.
  
L’ours, mécanique déboussolée,
Jette sa tête contre le mur invisible,
Du méprisant plaisir de spectateurs bovidés,
Devant l’animal pantelant d’un mal indicible.
 
Aigle de l’infortune,
Nostalgique de l’astre de feu,
Gorgé d’amertume,
Sonde désespérément le ciel cendreux.

Immonde spectacle de déchéance de la vie,
Fosse nauséeuse que l’homme côtoie, hilare,
Cage fermée sur la folie,
De l’humanité barbare.
   
Bêtise joyeuse,
Cruauté perverse,
Conscience boueuse,
Cœur malvers.
 
Hommes bêtes,
Bêtes foudroyées,
De l’humanité la fin,
L’animal sonne le tocsin.